Tous les articles par Tiephaine G. Szuter

La nouvelle mode des Fake News

Ayant décidé de laisser passer la période des primaires, des élections américaines et de la transition politique qui a suivi, je m’étais abstenu d’intervenir sur Sombre Plume, après quelques articles qui m’ont valu quelques discussions houleuses.

La lecture d’un article de France24 sur le nouvel outil du journal Le Monde contre les « fake news » m’incite à sortir de mon silence relatif, parce qu’il y a là un gros danger, à mes yeux, pour l’information, sous toutes ses formes.

Le terme « fake news » s’est imposé pendant les dernières semaines de l’élection américaine qui a vu la victoire de Donald Trump puis dans les jours qui ont suivi, comme l’explication-reine de la victoire de ce dernier: parce que les électeurs américains ont étés manipulés par de « fausses actualités » (comme l’emblématique Pizza Gate), Hillary Clinton, candidate préférée des journalistes occidentaux et soutenue par tout l’establishment, a perdu l’élection de façon injuste.

S’il est vrai qu’Hillary Clinton a perdu de façon injuste (elle disposait de 3 millions de voix de plus que son adversaire mais a perdu en raison de règles d’attribution des grands électeurs), il est extrêmement simpliste de dire que Trump a remporté l’élection simplement sur des rumeurs et calomnies, car c’est avant tout sur son programme de politique intérieure qu’il a remporté l’élection.

Peu importe qui a gagné ou comment, le résultat est là: on nous bassine depuis des semaines avec le nouveau truc à la mode, et qui va révolutionner l’information occidentale. Les « fake news ».

Concrètement, une « fake news » est une pseudo-information qui surgit de façon impromptue pour expliquer une situation de façon biaisée, ou pour lancer une rumeur proche de la calomnie ou de la diffamation. Bref, c’est un mensonge ou un article idéologique qui déforme la réalité. Les défenseurs de « l’information vraie » entendent donc pourfendre les « menteurs », une attitude à priori louable dont on ne peut que s’étonner qu’elle n’ait pas été réalisée dès le début de l’ère de l’information, voire dès le début du journalisme!

La réalité, vous vous en doutez, est plus contrastée que ce rêve qu’on essaie de nous vendre.

Avant même de parler d’information, il faut considérer les faits qui la structurent. Ainsi, les articles de journaux comme Le Monde, Le Figaro ou Libération sont basés sur des faits rapportés par les agences de presse, comme l’AFP ou Reuters. Ces agences publient des dépêches se bornant en principe à énoncer un fait: tel pays a subi telle catastrophe, qui a provoqué tant de morts et tant de blessés, telle personnalité politique a été mise en examen dans telle affaire en raison de tel comportement potentiellement délictuel ou criminel. Il s’agit ici du fait, de l’information brute que les journalistes vont traiter dans leurs propres articles. Ces faits sont généralement indiscutables et de première main, et sont en principe corroborés par les autres agences de presse à partir soit de la même source, soit d’une source complémentaire.

Ces sources sont en principe issues de services officiels, tels que la police, les magistrats, les pompiers, les porte-paroles de tel entité politique ou de tel service d’urgence. Elles peuvent être appuyées par des enregistrements phoniques ou photographiques directs, que ces enregistrements proviennent de caméras de surveillance, de reporters de terrain ou de simples passants ayant filmé l’événement.

Jusqu’ici, difficile de parler de « fake news ». Les faits sont réels ou ne le sont pas, et il est rare qu’une agence de presse raconte des bobards (mais pas impossible). Il n’y a guère que sur des conflits armés où les « informations » transmises sont sujettes à caution, n’ayant souvent pas pu être vérifiées (tel massacre de population, tel bombardement sur des civils, etc.) comme l’a parfaitement démontré le récent conflit en Syrie.

Le problème survient lorsque l’information brute est traitée par les journalistes. Entendons-nous dès à présent sur ce que le terme « journaliste » recouvre: je parle bien des individus travaillant pour une rédaction de presse écrite ou un journal d’information télévisuel ou radiophonique, et non des individus derrière leur écran sur un site internet.

Le rôle du journaliste n’est pas d’informer, mais de transmettre une information à travers un regard « éclairant ». Comprendre ici « un regard partisan, biaisé et partial ».

On sait très bien par exemple que Libération est un organe de presse d’extrême gauche faisant la promotion de l’altermondialisme, de l’écologisme (pas de l’écologie, la distinction est importante), du multiculturalisme, et d’une vision présentée comme humaniste du monde. A l’inverse, Le Figaro est un organe de presse plutôt libéraliste (pas libéral, la nuance est importante), européaniste voire transatlantiste, et se concentrant plutôt sur une vision affairiste du monde. Pour faire simple, il n’y a pas en France d’organe de presse ou d’information qui soit réellement neutre.

Donc, déjà, rien qu’avec ce premier constat, on voit que cette histoire de « fake news » prend un drôle d’aspect. C’est d’autant plus troublant quand on sait que les journaux principaux en France reçoivent des centaines de millions d’euros d’aides gouvernementale chaque année. De quoi se poser de sérieuses questions quant à l’impartialité voire à l’honnêteté des rédactions qui, en diffusant un article un peu trop critique, pourraient mettre en jeu leur avenir. De fait, en France, la collusion journalistes/politiques est totale, comme l’illustre parfaitement le documentaire Les Nouveaux Chiens de Garde réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat et basé sur l’ouvrage éponyme de Serge Halimi.

Pire: il n’existe plus aucun journaliste de terrain. Les images de conflits que nous voyons sont achetées à des journalistes étrangers ou à des indépendants pas toujours honnêtes, mais qui font aussi face à des risques d’arrestation importants voire à des risques mortels. Les rares journalistes qui se déploient en marge des événements ne le font que pour faire dans le sensationnel, l’émotionnel, mais pas pour informer. Et quand ils le font pour informer, ils sont accusés par leurs confrères de déformer la réalité et de mentir.

Clairement, nos journalistes ne sont donc pas du côté de la vérité et de l’information, et sont devenus de mauvais commentateurs et des analystes de comptoir qui déblatèrent à qui mieux mieux sur le néant total qu’ils génèrent eux-mêmes, quel que soit le sujet qu’ils abordent, et avec une bêtise d’autant plus grande que le sujet est important.

Dans ce contexte, il est donc alarmant de voir une rédaction comme Le Monde prétendre offrir un « outil de lutte contre les fake news » pour faire le tri entre les informations « de qualité » et le reste. Je suis particulièrement inquiet en ce qui concerne le classement entre « sites très fiables » et « sites peu fiables ». S’il ne fait par exemple aucun doute qu’un site comme Wikistrike se borne à déblatérer des mensonges au kilomètre en toute circonstance, je suis un peu plus dubitatif en ce qui concerne un site d’information comme Slate ou même Libération ou Le Monde, dont les « informations » sont partisanes et se bornent à commenter des communiqués de presse. Avons-nous eu un traitement normal et impartial des élections américaines? La réponse est clairement non, 100% des journalistes ayant promu la candidature de Clinton, qui a été encensée quel qu’ait été son discours, même lorsqu’il était encore plus belliciste que les Néo-Con de l’ère Bush Jr. ou lorsqu’il se contentait de simplement insulter son adversaire. Aurons-nous un traitement impartial de l’élection présidentielle française, quand on sait déjà que les journalistes n’en ont que pour Emmanuel Macron?

Au-delà de la politique et du traitement des conflits sur lesquels je me suis déjà beaucoup étendu, c’est le fait même que ces journaleux puissent prétendre nous dire quoi lire et à qui faire confiance qui m’interpelle.

Si des gens souscrivent par exemple aux thèses dites conspirationnistes, ce n’est pas parce qu’ils sont idiots ou mal informés, mais parce que d’une part un certain nombre de conspirations se sont avérées être vraies (que l’on pense aux révélations de Snowden sur la surveillance généralisée de l’ensemble des communications mondiale!), et d’autre part parce que ceux qui les propagent s’évertuent à leur donner toutes les apparences de sérieux possibles: témoignages, recoupements, sources et références, bref, tout ce que nos journaleux ne font plus, si tant est qu’ils l’aient jamais fait.

Ce n’est pas en employant un code couleur que l’on peut contrer les rumeurs et autres mensonges qui certes pullulent sur le web mais pas vraiment plus que dans nos journaux. Il y a une quinzaine d’année, toutes les chaines de télévision s’arrachaient Karl Esser, qui affirmait sans aucune preuve qu’il avait participé à la construction de bunkers secrets sous Bagdad. Information bidon, évidemment, qui aurait dû amener certaines réflexions sur la démarche journalistique. Mais non, les mêmes rédactions n’hésitent pas encore aujourd’hui à publier des rumeurs sur la Corée du Nord avec le plus grand sérieux.

Alors pourquoi croire que ces mêmes journalistes, ou du moins que les mêmes organismes d’information qui ne sont pas foutus d’être neutres et de traiter l’information autrement que comme le gouvernement le leur dit, vont pouvoir être impartiaux et faire un tri honnête dans les informations de confiance et le reste?

Dans un contexte où d’un seul coup, on nous parle de « fake news » qui pullulent alors qu’elles ont toujours existé, je me demande bien ce qu’annonce cette tendance au contrôle de l’information publique qui ne va faire que se renforcer au fil du temps.

Sans vouloir être alarmiste, ce que je vois poindre le bout de son nez depuis plusieurs années et particulièrement ces derniers mois, c’est tout simplement la fin de notre Liberté. Le renforcement des capacités de contrôle des populations par les services de renseignement, l’abandon total de nos forces de l’ordre qui ne peuvent plus traiter les affaires qui leur sont rapportées, y compris les plus graves (11% à peine des victimes de viol recensées portent plainte), la montée d’une classe politique qui confond autoritarisme et gouvernement, le total déni de légitimité de la Démocratie qui depuis 10 ans envahit toute l’Europe, l’armée qui ne mène plus des missions de combat mais des missions de pacification de populations hostiles, le financement et l’encouragement à la montée des communautarismes et des extrémismes religieux (musulmans comme chrétiens)… Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on nous prépare la loi martiale et une guerre civile comme ce taré d’Alex Jones aux Etats-Unis, mais quand même, c’est bien une nouvelle forme de totalitarisme qui arrive petit à petit…

Je me demande vraiment ce qu’on nous prépare, et je crains que nous devions nous préparer à faire face à des heures sombres comme on n’en a encore jamais vues. Il n’y a rien à attendre de gens qui nous infantilisent et nous disent quoi penser, quoi dire, quoi faire, qui voter. Notre pays, notre civilisation n’a pas besoin de ces gens qui ne font que nous pousser vers l’abîme. La question est: les laisserons-nous faire ce qu’ils veulent et continuerons-nous à marcher dans leurs combines?

Nous ne redresserons pas notre pays par le haut avec des élections truquées d’avance, mais bien à partir de sa base, par nos propres comportements, et ça, ça commence par nous faire notre propre opinion, sans avoir besoin d’un garde chiourme par dessus notre épaule.

Sombre Plume présente: Caucasus

Sombre Plume publie aujourd’hui Caucasus, une novella de Tiephaine G. Szuter.

CaucasusParue en janvier 2014 chez les regrettées éditions House Made of Dawn, Caucasus était indisponible depuis près de deux ans et il était grand temps que nous prenions ce problème en main. C’est donc chose faite!

Caucasus, qui inclut également la nouvelle Le Tertre parue dans la revue Klaatu #3 (Décembre 2012, Ithaac Editions), est disponible en format numérique (Kindle) et pour la première fois en version papier (134 pages).

C’est aussi l’occasion pour nous de nous lancer beaucoup plus loin dans l’édition, et d’autres textes devraient suivre très rapidement avec Werwolf, une autre novella de Tiephaine prévue pour décembre.

La Jungle de Calais et les clandestins de France: quelques réalités

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite procéder à quelques petits rappels:

1/ Sombre-Plume ne génère toujours pas de revenus via la pub, nul besoin de crier au buzz ou je ne sais quoi.

2/ Nous ne sommes pas d’extrême-droite. Alors oui, effectivement quelques sujets abordés ces derniers mois peuvent laisser penser que nous avons des accointances avec ce bord-là, mais c’est faux. Nos articles démontrent assez bien le contraire quand on prend la peine de les lire.

3/ Les commentaires sont toujours modérés à priori, donc les trolls peuvent éviter de perdre leur temps avec les insultes, elles ne passeront pas.

Qu’est-ce que la Jungle?

Aujourd’hui commence le démantèlement de ce camp illégal que les associations et les médias ont surnommé « la Jungle », non loin de Calais. Qu’est-ce que la Jungle? Cet article du Figaro nous renseigne assez bien sur son historique et les circonstances de son apparition. Ainsi, il ne s’agit pas d’un seul camp apparu l’année dernière lors de la « crise des migrants », mais d’un ensemble de campements de fortune plus ou moins organisés apparus suite au démantèlement du camp de Sangatte, en 2002. Jusqu’en juin 2014, les associations ne recensaient qu’environ 900 personnes, et il s’agissait alors d’un pic d’affluence encore inégalé (contre environ 400 en moyenne sur une année). Il s’agissait majoritairement de jeunes hommes adultes seuls, originaires d’Afrique, d’Asie Centrale (Afghanistan en tête), et du proche Orient. Les groupes ethniques ne se mélangent pas, les bagarres et autres agressions sont fréquentes, et les problèmes sanitaires se multiplient (en mai 2014, une épidémie de gale amène les autorités à raser une partie des campements insalubres). Déjà démantelée en 2009, la « Jungle » est réapparue en quelques jours. Un centre d’accueil avait finalement été bâti dans l’urgence fin 2014-début 2015.

La « crise migratoire » de l’été 2015

Quand la « crise » éclate en 2015, la Jungle ne compte que 1300 personnes, majoritairement des somaliens et des érythréens. En octobre, ils sont environ 6000, ayant transité par les filières turques, « bizarrement » et « subitement » très efficaces: Syriza est arrivé au pouvoir en Grèce en janvier 2015 et les contrôles frontaliers sont désormais inexistants, suite au chantage opéré par l’Allemagne et l’Union Européenne à propos des mesures d’austérité visant à rembourser la dette du pays. Pour l’année 2015, ce sont plus de 885 000 entrées via la Turquie qui seront recensées par Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières extérieures (rapport d’activité 2015, p. 10). Le même rapport nous apprend que cette année-là, ce sont plus de 1 800 000 transits illégaux qui ont été détectés, dont 600 000 syriens et 267 000 afghans (voir p. 11 du rapport). La plupart de ces entrées avaient pour destination l’Allemagne, où la politique d’Angela Merkel d’accueil généralisé, extrêmement contestée par la population, visait à offrir aux industries allemandes une main d’œuvre très peu coûteuse. Il faut en effet rappeler que suite aux pressions européennes, l’Allemagne a été obligée d’instaurer un salaire minimum début 2015 pour ses salariés nationaux. Avec des industries de pointe et des salariés allemands qualifiés, une telle mesure permet de sécuriser le niveau économique de la population. La contrepartie demandée par les industriels était de pouvoir disposer d’une main d’œuvre très bon marché, sans qualification. Le vivier des jeunes allocataires obligés de travailler dans des associations et des structures de proximité pour moins de 3,50€ de l’heure n’étant pas disponible, le gouvernement allemand est allé chercher ses futurs travailleurs directement dans les flux migratoires, « pour faire face à une crise démographique« . Au final, l’Allemagne aurait accueilli entre 800 000 et un million de ces migrants clandestins, sans s’encombrer aucunement des procédures légales pourtant assez permissives prévues par l’Union Européenne, et surtout, qui ne sont pas concernés par le salaire minimum mis en place pour les travailleurs allemands: il s’agit ni plus ni moins que d’en faire des ouvriers corvéables à merci.

Une immigration économique et clandestine

Car c’est peut être là que réside le cœur du problème. Que l’Allemagne décide de recourir à l’immigration massive pour assurer le renouvellement de sa main d’œuvre n’est pas, en soi, un problème , sauf pour ceux qui se préoccupent de la théorie du remplacement des populations européennes. Loin d’être une théorie conspirationniste, les migrations de remplacement sont une réalité apparue dans un rapport de l’ONU en 2001; il s’agit de ces migrations « organisées » par certains pays développés pour faire face à la baisse de natalité au sein de leur population nationale, et qui ont pour effet de « remplacer » les populations locales par d’autres qui lui seront plus ou moins intégrées.

Bref, que l’Allemagne fasse appel à l’immigration pour faire face au déclin de la natalité de sa population est un choix politique qui n’est, en principe, que du ressort de ce pays (le Japon préconise exactement l’inverse et entend recourir à l’automatisation et à la robotisation de tous les secteurs de l’économie et de la vie sociale). Le fait est cependant que l’Allemagne est membre de l’Union Européenne et qu’au sein de l’Union, les mouvements de population sont libres, ce qui explique par exemple les fortes réticences de petits pays comme la Hongrie, l’Autriche, la Slovaquie, la République Tchèque ou la Roumanie face à ce genre de politique: délivrés de l’emprise soviétiques depuis 1991, ces populations ont un fort attachement à leurs racines culturelles qui leur étaient déniées sous l’URSS et ne souhaitent pas devoir subir ce qui leur apparaît comme une nouvelle fracture culturelle, ceci d’autant plus que la majorité des pays de l’est de l’Europe a eu à affronter pendant des siècles les invasions et influences ottomanes, dont les conséquences ont été la série de guerres des Balkans des années 1990. Guère étonnant, donc, de voir ces pays bâtir des murs pour empêcher les migrations clandestines de s’imposer à eux.

Vous l’aurez remarqué, je ne parle pas de « réfugiés », mais bien de migrants clandestins. Un réfugié est une personne déplacée par un conflit dans son pays et cherchant asile dans un autre pays. Un réfugié entend retourner dans son pays lorsque le conflit sera terminé, si cela lui est possible. En outre, le statut de réfugié n’est pas automatique, une commission ad hoc doit le reconnaître spécifiquement (en France, un seul organisme est habilité, l’OFPRA). L’Allemagne elle-même sélectionne les migrants syriens auxquels elle accorde ce statut (38 000 sur 55 000 l’ayant demandé l’année dernière).

En outre, ces migrants n’ont aucun visa, aucun permis de séjour, et n’ont suivi aucune procédure légale pour arriver en Europe. Tous ont emprunté des filières clandestines et illégales, payant des passeurs jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour une traversée dangereuse et régulièrement mortelle. Pire, la plupart de ces migrants ont dû, pour se payer le passage vers l’Europe, travailler pour mettre de l’argent de côté. Ils avaient un toit, un travail, et étaient donc en sécurité: l’argument selon lequel ils fuiraient la guerre ne tient donc pas, il s’agit d’une migration économique. Pour enfoncer le clou, si l’été 2015 a vu de nombreuses familles arriver en Europe via la Turquie, la majorité des migrants reste néanmoins composée d’hommes jeunes (moins de 30 ans) et seuls (célibataires sans famille). Ceux-ci représentent plus de 72% des migrants, contre seulement 13% de femmes. Il faut ajouter enfin que sur les migrants recensés comme « enfants » (de 0 à 18 ans), de plus en plus d’adultes se prétendent mineurs pour bénéficier de conditions d’accueil plus avantageuses, et surtout, éviter d’être expulsés. Selon les chiffres disponibles, 70% des « mineurs » sont en réalité des adultes…

Enfin, la majorité des populations syriennes fuyant la guerre civile (4,6 millions de personnes) ne se rend pas en Europe, mais est accueillie en Turquie, en Jordanie, au Liban, en Irak et en Egypte. L’immense majorité des déplacés refuse néanmoins de quitter leur pays et vivent en Syrie (7,6 millions), une bonne partie d’entre eux soutenant le régime d’Assad contre les rébellions financées et armées par les Etats-Unis et l’Europe et contre le Califat Islamique.

Avec seulement 1 millions de syriens accueillis en Europe depuis 2011, on ne peut pas dire que nos Etats soient de grands philanthropes, d’autant plus qu’une partie des syriens se voit refuser l’asile et se retrouve donc sous menace d’expulsion dans un programme d’échange conclu avec la Turquie. Concrètement, la Turquie, qui a besoin de diplômés, échange des manuels (non qualifiés) contre des intellectuels (diplômés de grandes écoles et universités) avec des pays européens qui requièrent surtout de la main d’œuvre bon marché.

La question du diplôme est également au centre de la propagande pro-migratoire. Selon les associations et les journalistes, les migrants seraient « bardés de diplômes« , et des « travailleurs très qualifiés ». Si la Syrie fait partie du réseau Erasmus Mundus, qui permet une harmonisation et surtout une reconnaissance réciproque des diplômes, en permettant aux étudiants étrangers de venir passer un diplôme en Europe selon les standards européens, tous les diplômes délivrés en Syrie ou ailleurs dans le monde ne sont pas reconnus dans les pays d’Europe. En fait, la majorité des diplômes étrangers doivent passer une commission d’évaluation avant d’être éventuellement reconnus, les conditions sont généralement très strictes, hors certains métiers (médecins, infirmières, chercheurs…) pour lesquels un besoin ou un intérêt se fait particulièrement sentir. Ainsi, même si ces migrants sont réellement diplômés (ils n’attestent presque jamais de l’obtention des diplômes qu’ils affirment détenir), ils ne seront pas pour autant fondés à s’en prévaloir, que ce soit en France ou un autre pays européen.

En résumé, on a donc des migrations clandestines par essence illégales, dont seule une fraction est d’origine syrienne (30% seulement des 1 800 000 migrants en 2015, pic du soi-disant « exode syrien »), 72% des migrants sont des hommes isolés, 70% des mineurs sont en réalité des adultes. Les diplômes dont ils se targuent ne sont jamais attestés, et doivent de toute façon être validés en commission d’équivalence. Mais on vous fait quand même croire que ce sont des familles avec des jeunes enfants qui viennent se réfugier en Europe, quitte à vous balancer des images de garçonnet noyé pour bien vous le faire gober…

La situation des enfants

Les enfants migrants, parlons-en. Ils sont quelques dizaines de milliers à avoir pu faire la traversée avec leurs parents ou du moins, des personnes se présentant comme telles. Si l’on pourrait croire que nos pays donnent la priorité aux familles, il n’en n’est rien. La plupart doivent attendre dans des camps de migrants le bon vouloir des autorités pour l’attribution d’un logement social.

Or, ces camps sont une horreur pour les jeunes enfants. Les agressions sexuelles mais aussi la prostitution forcée y sont monnaie courante, parce que les enfants sont les premières victimes de la traite des êtres humains que les associations pseudo-humanitaires font passer pour des migrations fuyant les guerres. Les articles de faits divers sont effarants et très honnêtement, en faire la liste serait long et ne serait qu’une longue liste d’atrocités. Plus de 10 000 mineurs ont disparu dès leur arrivée en Europe l’année dernière. Même si une partie d’entre eux a probablement rejoint leurs familles, la majorité sont aux mains de réseaux criminels internationaux.

Pourquoi reloge-t-on des hommes majeurs seuls alors que l’on fait attendre des mois et des mois des familles qui ont à priori toute légitimité pour être relogées dans l’un des 77 000 logements sociaux vacants en France? Pourquoi les associations comme Amnesty International ou la Cimade restent-elles silencieuses comme des tombes face à ces problèmes quand elles organisent un prosélytisme monstre pour l’accueil des clandestins? Où sont les journalistes quand se produisent ce genre de faits, alors qu’ils sont capables de nous jeter à la figure des photos d’enfants ensanglantés ou morts au petit déjeuner?

Les clandestins en France

Pendant que l’on s’occupe de gens qui n’ont aucune légitimité pour être en France, parce qu’ils y sont clandestinement, les médias et les politiques osent essayer de faire croire que notre pays accueille des « réfugiés ». C’est tout simplement totalement faux. Selon le rapport 2015 de l’OFPRA, seuls 23% des demandeurs du statut de réfugié l’ont obtenu cette année-là. A titre d’exemple et selon ce rapport, à peine 3400 syriens ont demandé ce statut en France (et 96% l’ont obtenu), contre 5000 soudanais, 3000 bangladais et 3100 kosovars. En 2014, 64 000 personnes ont déposé un dossier à l’OFPRA, contre 80 000 en 2015 (cf. p.36 du rapport). L’augmentation est réelle, mais il ne s’agit pas non plus d’un raz-de-marée comme on pourrait le croire après la crise migratoire de l’été 2015. Un tiers des demandes émanent de femmes, mais 45% d’entre elles proviennent de pays européens (Albanie, Kosovo…) et 42% proviennent de pays américains (Haïti…). Les 13% restant concernent surtout des femmes africaines (Djibouti, Ouganda…), et donc assez peu de femmes syriennes ou irakiennes.

Avec à peine 4.25% des demandes, on ne peut pas dire que les migrants soient principalement des syriens, en tout cas en France et selon ces chiffres. Alors pourquoi nous vendre de la souffrance humaine comme on peut en voir sur tous nos écrans à longueur de semaine, depuis maintenant 18 mois?

Notre pays subit le chômage de plein fouet, et celui-ci concerne aussi bien les jeunes sans qualification que les jeunes diplômés (12,5% des demandeurs d’emploi ont un diplôme supérieur niveau Bac +2, dont la moitié a en poche un bac +3 et plus). Notre tissus industriel est complètement détruit et ne nécessite donc pas de main d’œuvre peu ou pas qualifiée. En outre, nos démographie n’est pas menacée, puisque le seuil de renouvellement des populations est largement atteint avec une natalité de 2,2.

Faire croire aux français que les migrants clandestins sont une « chance pour la France » est donc non seulement un mensonge, mais aussi une saloperie incroyable. Notre pays est incapable de s’occuper de ses exclus, n’a aucune politique industrielle et creuse sa dette par milliards et multiplie les taxes pour financer des structures de solidarité clairement inefficaces. Comment peut-on oser faire croire que notre pays et ses structures peuvent absorber sans sourciller des dizaines de milliers de personnes supplémentaires chaque année? Les migrants ne s’y trompent pas, et préfèrent des pays comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l’Allemagne à la France, non parce que nous sommes d’affreux fascistes anti-immigrés (rappelons quand même que le Brexit a eu lieu sur la question des migrations…), mais parce que les perspectives d’avenir sont meilleures chez nos voisins. Notre jeunesse veut déguerpir de son pays: 65% des jeunes diplômés veulent aller travailler à l’étranger, plus d’un tiers des 18-34 ans voudrait s’expatrier.

Encore plus absurde, on expulse des jeunes gens qui sont installés en France depuis parfois plusieurs années et qui mènent des études supérieures avec succès alors qu’ils n’ont commis aucun délit, mais on offre à des clandestins des cours et des entrées à la fac sans s’interroger sur leurs capacités réelles à suivre les diplômes où ils seront inscrits!

Comment peut-on oser exiger des français qu’ils accueillent des jeunes migrants quand la jeunesse française veut partir? Comment peut-on oser exiger des français qu’ils paient sur leurs impôts l’accueil de personnes qui n’ont aucune légitimité à être là, quand leurs propres enfants n’ont pas les moyens de faire d’études et n’ont aucune perspective d’emploi?

La France est historiquement une terre d’accueil. Les français aiment partager leur culture avec autrui et entretiennent une tradition d’accueil indéniable au vu des chiffres du tourisme qui année après année démontrent que nous ne sommes pas un pays xénophobe. Les échanges culturels sont partout, qu’il s’agisse de la musique, du cinéma, de l’alimentation, de modes de vie et de régimes, etc.

Oui, les français ont un problème avec une certaine partie de la population qui lui crache à la figure à tous propos. Le chien qui mord la main qui le nourrit ne mérite aucune considération. Pour autant, personne ou presque ici ne fait l’amalgame avec ces étrangers qui apprennent à apprécier notre gastronomie, nos vins, nos paysages, qui partagent nos joies lors d’événements sportifs ou culturels, qui partagent notre chagrin lors des catastrophes et attentats, et qui râlent avec nous contre tout et n’importe quoi. Notre histoire fait de nous l’un des pays les plus ouverts sur le monde et les autres cultures, et nous ne sommes en rien xénophobes. Pourtant, malgré nos traditions et notre mode de vie ouvert, nos politiques et les médias serviles qui leur cirent les pompes n’ont de cesse de nous insulter, de nous dire que nous sommes des extrémistes racistes, et veulent nous obliger à partager les quelques miettes qui nous restent avec des gens qu’on prétend réfugiés alors qu’ils ne sont que des clandestins dont certains sont des individus dangereux.

L’humanisme décérébré dont font preuve une partie des médias et des associations est non seulement difficile à comprendre, mais surtout irresponsable et presque criminel. Comment peut-on tolérer que ces gens, par leurs discours, fassent croire à des gens qui vivent des situations précaires et dangereuses, qu’ils pourront bénéficier d’aides alors que ce n’est ni le cas ni l’intention des autorités? Par leurs discours, ces militants associatifs font naître un espoir chez des populations pauvres et/ou menacées, et ne font qu’entretenir les réseaux de passeurs et de traite des êtres humains, sans même parler du risque mortel encouru lors de la traversée de la méditerranée. Aucun pays, aussi riche soit-il, ne peut accueillir toute la misère du monde. En prétendant vouloir sauver tout le monde, ces gens irresponsables ne vont faire qu’une seule chose: perdre tout le monde. Mais il est vrai que certains parmi ces associations semblent y trouver totalement leur compte sans même parler des généreuses subventions perçues par ces petits groupes et qui permettent de vivre en se faisant passer pour des gens « ouverts » et « humains ».

Les réactions identitaires n’ont jamais été aussi fortes en Europe depuis les années 1920-1930. Pourquoi encourager les filières illégales de migration alors que TOUT existe pour permettre légalement l’arrivée dans des conditions saines et durables d’étrangers, que ce soit pour étudier ou pour s’installer?

Je me demande, quand je vois ce qui se passe depuis 20 ans en Europe, si un projet plus sombre n’essaie pas de nous pousser à n’avoir plus que deux choix: disparaître, ou replonger dans le fascisme. Très franchement, je ne vois pas de raison d’avoir confiance en l’avenir.

Une guerre de religions en France au 21e siècle?

Ce 24 août 2016 marque l’anniversaire des Massacres de la Saint Barthélémy de 1572, au cours desquels  10 à 30 000 protestants furent assassinés à Paris et en Province, pour le seul fait de leur religion. Cet anniversaire, dans le contexte actuel d’omniprésence du terrorisme islamiste et des intégrismes religieux, prend une dimension très particulière.

Le 16e siècle en France est une période franchement compliquée, mais dont l’étude est vraiment intéressante, car elle rappelle certains événements actuels. Comme ce n’est pas vraiment la période la plus étudiée dans les établissements scolaires, laissez-moi vous faire un petit résumé…

Tout commence au 15e siècle, lorsqu’un obscur ecclésiastique allemand conteste les dérives de l’Eglise catholique qui vit dans une opulence d’autant plus scandaleuse que ses membres se préoccupent plus de politique que de Foi. On est en pleine chasse aux sorcières menée par l’Inquisition (le Malleus Maleficarum ou Der HexenHammer en allemand, ou Marteau des Sorcières a paru en 1487), qui frappe très durement les contrées germaniques, et des gens innocents sont envoyés au bûcher par des évêques qui s’approprient leurs biens au passage. Martin Luther, en placardant sur la porte de son église un manifeste contre une nouvelle opération financière de la papauté (la vente d’indulgences), amorce sans le vouloir un mouvement qui deviendra une religion à part entière, le Protestantisme. En un demi-siècle, la Réforme s’étend à tout le Saint Empire Germanique, en Suisse, aux Pays-Bas, en Angleterre, et bien sûr en France. Il s’agit autant d’un mouvement religieux que politique, les deux domaines étant intrinsèquement liés à l’époque. Or, la Réforme rejette l’autorité du Pape, dont l’Eglise s’immisce en permanence dans les affaires temporelles des royaumes chrétiens.

En France, l’affaire met aux prises les deux camps par l’intermédiaire de l’Amiral de Coligny, chef de file du parti protestant, et du Duc de Guise, chef du parti catholique. Ce dernier est l’un des plus proches conseillers du Roi Henri II qui meurt en 1559 (de la manière que  Michel de Nostre-Dame avait prédit…). Son fils, François II, qui n’est âgé que de 15 ans, confie les rênes du pouvoir à la famille des Guise. François II meurt à son tour quelques mois plus tard, et c’est Charles IX qui monte sur le trône, à 10 ans à peine, en 1560.

L’influence des Guise sur le Gouvernement est énorme, malgré la régence de Catherine de Médicis qui essaie tant bien que mal d’atténuer leur pouvoir en favorisant le parti royal. Les Guise sont si puissants que le parti protestant essaiera de les mettre aux arrêts en 1560, au cours des événements de la Conjuration d’Amboise. Si ce complot échoue, le traumatisme est énorme, car c’est la première fois que le Roi est directement « menacé ». A partir de ce moment, les Guise ont un pouvoir total et un conflit armé débute contre le parti protestant et ses places fortes. A partir de 1562 et le Massacre de Wassy (20 à 74 victimes protestantes selon les sources), les guerres se succèdent. Trois camps sont en présence: le parti catholique, le parti protestant (qui représente environ 2 millions de personnes dans un royaume de 20 millions), et le parti royal que Catherine de Médicis essaie désespérément de garder neutre afin de préserver l’intégrité du Royaume.

En 1570, après des conflits meurtriers et ruineux dans lesquels se sont impliqués des puissances étrangères, une paix durable semble entrer en vigueur, Charles IX accordant aux protestant une certaine liberté de culte par l’Edit de Saint-Germain.

En 1572, sont célébrées à Paris les noces de Marguerite de Valois (future « Reine Margot ») et de Henri de Navarre (futur Henri IV). A cette occasion, qui voit une catholique épouser un protestant, des membres très influents des deux partis sont réunis, dont les Guise et l’Amiral de Coligny. Les événements qui suivent sont sujets à caution et tout et n’importe quoi a été dit à leur sujet, néanmoins il semble que les Guise aient voulu faire assassiner Coligny pour venger l’un des leurs tué dix ans auparavant. S’ensuivent des tensions entre parti catholique et parti protestant, qui culminent avec l’assassinat des principaux chefs protestants présents à Paris. Coligny, qui avait survécu à la tentative d’assassinat, est tiré hors de son lit et défenestré par une petite troupe à la solde des Guise.

Ces assassinats ciblés, dans un contexte de tensions au sein de la population civile, amènent les parisiens à s’attaquer eux aussi aux protestants, au cours de la nuit de la Saint Barthélémy. L’événement provoquera la mort de 3000 personnes en quelques heures, et se répandra dans toute la France au cours de la « saison des saint Barthélémy ». Les sources ne fournissent pas le nombre exact des victimes, mais celles-ci sont estimées à environ 10 000, certains avançant le chiffre de 30 000. Ces massacres traumatisent durablement le Royaume, et aboutiront aux réflexions sur la liberté d’opinion des Lumières au 18e siècle.

Pourquoi ces événements sont-ils importants aujourd’hui, au 21e siècle?

Vous ne pouvez pas avoir manqué les polémiques qui ont émaillé l’été (migrants, burkini australo-libanais…), ni les attentats de Nice et de Rouen, sans parler des attaques dans la rue ou dans les trains (en Allemagne). Plus que jamais en France, les tensions entre musulmans et catholiques sont palpables et aboutissent de plus en plus à des actes de violence, de part et d’autre. Au milieu de ces tensions, se trouve un gouvernement non seulement faible, mais en plus totalement à côté de la plaque et idéologiquement ancré sur des notions totalement faussées.

Avant de poursuivre plus avant, je préfère préciser deux-trois choses. Si j’aime mon pays, je ne suis pas un extrémiste xénophobe. J’aime la société française en ce qu’elle est à l’écoute du monde, de par son histoire, et ouverte aux autres cultures. Même si les français sont parfois arrogants, je ne connais pas d’autre pays où les citoyens organisent autant de fêtes populaires où chacun peut y trouver son compte. Je ne connais aucun autre pays où il y a une réelle volonté de « vivre ensemble », c’est à dire de façon non-communautarisée. Mais cette volonté est en train de disparaître…

Notre ouverture sur les cultures islamiques n’est pas récente: le coran a été traduit par Du Ryer dès 1647 en français; il s’agit à ma connaissance de la première traduction occidentale moderne de ce texte. Voltaire lui-même connaissait partiellement l’histoire de l’Islam et en a tiré en 1742 un pamphlet anti-religieux intitulé Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, dirigé contre l’Eglise Catholique. Au 19e siècle, les Orientalistes « redécouvrent » le Proche-Orient. Avec la campagne d’Egypte de Napoléon Ier, une véritable passion pour les cultures arabo-islamiques et les civilisations pré-islamiques s’empare du pays. Le Coran est retraduit à de nombreuses reprises (en « Alcoran », « Koran », etc), les peintres et les écrivains s’inspirent de thèmes de la culture islamique et ottomane et produisent une vision fantasmée qui finira par motiver en grande partie l’aventure colonialiste française (car avant d’être une conquête, le colonialisme était bel et bien perçu comme une « aventure exotique », avant de se transformer en projet politique conquérant à part entière). Bref, la France a un véritable amour pour les cultures islamiques, de même que nous avons un véritable amour pour les cultures asiatiques, africaines, mésoaméricaines, nordiques ou slaves.

Cet amour est cependant mis à mal depuis une vingtaine d’années, au point qu’aujourd’hui, une hostilité communautaire réelle est palpable. Il suffit de regarder les commentaires d’un article faisant vaguement allusion aux conflits orientaux ou à la religion pour se rendre compte qu’il existe une véritable fracture d’origine religieuse entre européens et maghrébins, quelle que soit leur nationalité, et d’autant plus dangereuse que personne ne semble avoir l’intelligence ou le courage d’énoncer les problèmes et de proposer des solutions sans stigmatiser et catégoriser les uns ou les autres.

Là encore je préfère préciser quelques petites choses. Les deux « camps » ont tort, et sont manipulés par des groupes d’influence qui ont leur propre agenda politique, et qui se servent des événements à leur profit pour donner l’illusion qu’ils ont raison. De façon générale, les gens aspirent à la paix et à la bonne entente, quelle que soit leur culture ou leur origine, mais le climat ambiant est délibérément anxiogène, avec un risque terroriste islamiste omniprésent dans les médias et dans la bouche de nos gouvernants. On oublie cependant beaucoup trop que la France est un Etat laïc où la liberté d’opinion et de conscience est protégée et promue, et la Religion est en principe séparée de l’Etat, appartenant à la sphère privée pour ne pas dire personnelle.

En principe.

Depuis 2003 en effet, l’Etat a créé à l’instigation du Ministre de l’Intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), association de type loi 1901 pour « représenter les musulmans de France ». Par pur opportunisme électoral, il s’agissait de promouvoir une vision idéologique communautariste de la religion musulmane, dans un contexte où le candidat à l’élection de 2007 entendait promouvoir la « discrimination positive » à l’américaine, alors que les pays anglo-saxons n’intègrent pas leurs minorités mais favorisent le communautarisme intégriste, qu’il soit religieux (qu’on pense aux Mormons, à la Scientologie ou aux Amish, qui se rassemblent dans des villes créées de toutes pièces pour eux) ou militant (groupes d’influence pro-Israel, associations LGBT, lobbys pro-armes…). Son adversaire, le premier Ministre Dominique de Villepin, a créé en 2005 la Fondation des Oeuvres de l’Islam de France, dans une optique moins clivante puisqu’il s’agissait de permettre le financement transparent des Mosquées et de leur fonctionnement. Dans la foulée, le Gouvernement français a opéré un rapprochement spectaculaire avec l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Qatar à des fins affairistes et financières. En contrepartie, notre pays a accueilli des religieux formés dans ces pays, c’est à dire issus de mosquées salafistes et traditionalistes. S’il faut reconnaître que cette pénétration des doctrines traditionalistes islamistes ne date pas de cette époque puisqu’on peut en trouver l’origine avec la création de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) en 1983, fédération proche des Frères Musulmans (désormais considérés comme organisation terroriste) et le mouvement politique islamique Ennahdha (le même qui prendra le pouvoir en Tunisie après la chute de Ben Ali en 2011), la pénétration des idées extrémistes s’est largement accélérée en France dans les années 2000.

Depuis lors, les polémiques n’ont jamais cessé, et les conflits proche-orientaux ont été importés sur notre territoire. Alors que nous n’étions pas visés par les attentats d’Al Qaïda après le 11 septembre (et qui ont frappé Madrid en 2004 et Londres à deux reprises en juillet 2005), nous nous sommes retrouvés en première ligne en raison de la publication par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet en février 2006. L’intervention en Afghanistan promue par le président Sarkozy a permis le recrutement de jeunes français par Al Qaïda (comme Mohamed Merah), et la radicalisation d’un nombre de plus en plus croissant de fidèles musulmans aux opinions rigoristes.

Comment en est-on arrivés là? Contrairement à l’idée générale, le terrorisme ne trouve pas son origine et sa justification dans une lecture post-colonialiste des interventions occidentales au Proche-Orient. Nous ne sommes pas ciblés parce que nous bombardons la Syrie ou soutenons (de moins en moins) Israel. Les attentats actuels proviennent d’une radicalisation qui a pris énormément de temps, et dont l’origine en France peut être retracée aux années 1980. Le mouvement Ennahdha (fondé en 1981) et les Frères Musulmans (fondés en 1928), qui ont dirigé l’UOIF, sont des mouvements politiques ET religieux: ils promeuvent l’idée de sociétés islamiques soumises à la Charia, bref en quelques mots, de conquérir et convertir les Etats non-islamiques pour instaurer un Califat Islamique (une obsession chez les intégristes musulmans), selon des préceptes pseudo-religieux datant de la fin du 19e siècle. Or, leur méthode est celle de la patience: par de petites touches, ils avancent leurs pions et radicalisent suffisamment de gens sans en avoir l’air jusqu’au moment où ils peuvent prendre le pouvoir, si possible par les urnes, comme en Tunisie en 2011. Cette méthode a été clairement exposée par Rached Gannouchi, ce qui a provoqué in fine sa chute…

Dans un pays comme la France, très ouvert aux autres historiquement et par nature, ces islamistes ont avancé leurs projets par des demandes à priori légitimes, comme la reconnaissance des fêtes religieuses (Ramadan, Aïd, Pélerinage à la Mecque), puis la reconnaissance du régime Halal dans la société (alors que les méthodes d’abattage rituel sont totalement contraires aux méthodes normalement en vigueur en France), puis la tenue de congrès de plus en plus importants, la volonté de promouvoir les « minorités visibles » à la télévision (alors que la France ne reconnaît qu’un type de citoyen quelle que soit son origine, le citoyen français…), puis la promotion de « produit ethniques« , puis la tentative de promotion d’un néo-créationnisme religieux à l’école, puis l’apparition de plus en plus fréquente de vêtements intégristes comme le Niqab (et désormais le Burqini)… Cet islamisme littéralement rampant a bénéficié d’une part de la bonne volonté française de ne pas exclure qui que ce soit de la vie publique, et d’autre part du militantisme idéologique et sélectif d’organisations pseudo-antiracistes qui oublient systématiquement de prendre fait et cause pour les asiatiques, accusent d’islamophobie toute personne critiquant les dérives communautaristes et intégristes de certains musulmans, et nient l’existence du racisme à l’encontre des populations blanches, comme si seuls les blancs étaient racistes

Aujourd’hui, la société française se polarise entre d’un côté les « antiracistes » et les islamistes, et de l’autre, les « nationalistes » (qui ne savent même plus pour quelle France ils militent, entre Vichy et Napoléon) et leurs alliés catholiques intégristes (Civitas, Deus Vult, Manif Pour Tous, SOS tout petits, et toute cette nébuleuse nauséabonde). Et au milieu, donc, des gens qui essaient d’éviter le conflit entre les deux camps, gens qui sont de moins en moins nombreux. Ces deux camps-là veulent en découdre. La rhétorique islamiste est désormais celle de la future guerre civile (« pour la défense des minorités musulmans opprimées »), de même que celle des « néonationalistes » (qui prônent la défense armée du « peuple français de souche »).

Une nouvelle guerre civile, religieuse, est tellement plausible désormais en France qu’elle devient désormais un sujet littéraire et un sujet de propagande.  C’est également une notion qui revient en permanence dans les commentaires d’articles voire dans la bouche des professionnels eux-mêmes.

Quatre siècles et demi après la sanglante Saint Barthélémy, des organisations politico-religieuses menacent une nouvelle fois de déchirer notre pays et de le plonger dans le sang et le chaos. On ne peut plus se permettre de tolérer l’intrusion du fait religieux dans la vie quotidienne de notre société: il faut le combattre de toutes nos forces, qu’il s’agisse de l’Islam ou de l’Eglise, qu’il s’agisse d’organisation religieuses ou de leurs soutiens indirects (partis, franc-maçons, associations…), sous peine de voir notre belle France se muer en un nouveau conflit des Balkans. Seule la laïcité la plus radicale et la plus intransigeante pourra nous éviter le pire…

Dessiner en France au 21e siècle: retour sur la censure de Marsault

(Au vu de la sensibilité à fleur de peau de chacun dans cette histoire, je commence par rappeler quelques petites choses:

1/ sombre-plume.fr ne génère aucun revenu tiré de la publicité, et pour cause: nous la détestons. Peu importe le trafic sur le site, donc, nos revenus ne sont tirés que de la vente de nos ouvrages, hors sombre-plume.

2/ les dessins qui illustrent l’article sont présents à titre non-commercial afin d’appuyer un argumentaire. Leur emploi reste dans le cadre légal tel que fixé par le code de la propriété intellectuelle français. Les ayants-droits peuvent toujours néanmoins demander le retrait des images dont ils détiennent les droits sur simple demande par mail.

3/ sombre-plume est dédié à la création littéraire et artistique, laquelle se base sur  certains sujets de société comme les libertés d’opinion et d’expression, les manipulations qui y ont trait, et beaucoup d’autres choses. Néanmoins, sombre-plume est farouchement neutre en ce qui concerne la politique: écrire un article sur Marsault n’implique pas que nous soyons d’extrême gauche ou d’extrême droite. La pensée extrémiste binaire est une manipulation que nous n’acceptons pas et que nous n’accepterons jamais, et nous nous employons à être le plus neutre possible dans nos articles.

Je rappelle aussi que les commentaires sont modérés a priori, et que si sombre-plume est un espace ouvert au public, il reste néanmoins une propriété immatérielle privée dont nous sommes légalement responsables: 99% des commentaires postés jusqu’ici n’ont pas été publiés, notamment sur nos articles sur les néo-religieux et la « France Chrétienne ». Bonne lecture!)

Le dessinateur Marsault: une gueule et un style uniques
Le dessinateur Marsault: une gueule et un style uniques dans la bande dessinée française

Il y a quelques jours, une violente polémique a agité les pages Facebook de Marsault, PaieTaSchneck, et plusieurs autres pages où les « débats » se sont étendus.

Pour ceux et celles qui l’ignorent, Marsault est un dessinateur français dont l’œuvre à l’encre de Chine est vouée à l’expression d’une critique de société sur fond d’humour noir et de violence crue, dans le plus pur héritage de la bande dessinée française du 20e siècle. Son travail est non-conventionnel puisque Marsault n’est pas issu d’une école d’arts et a appris le dessin seul, à force de pratique. Dessiner n’est pas son métier: il est avant tout ouvrier, ce qui explique le caractère « brut de décoffrage » tant de l’homme que de son art.

Ce côté ouvrier franchouillard est à la base de son travail, qui exprime la colère que l’on peut ressentir en Province dans le milieu ouvrier, tant à l’encontre de la politique du Gouvernement qu’à l’encontre d’une certaine partie de la jeunesse insouciante des grandes villes qui « cyber-milite » contre le « racisme », « l’homophobie », le « sexisme », pour « l’environnement » ou les régimes végétariens et végans, qui bien souvent sont perçus comme des donneurs de leçon illégitimes, sans parler des modes sur les réseaux sociaux (photos duckface, « like si tu as un coeur », etc.).

"Eugène" est un personnage récurrent chez Marsault, caricature et personnification violente du rejet de certains comportements perçus comme des travers de société
« Eugène » est un personnage récurrent chez Marsault, caricature et personnification violente du rejet de certains comportements perçus comme des travers de société

Si son travail n’est pas techniquement irréprochable et parfois inégal d’une planche à l’autre en terme de qualité et précision du trait, il n’en reste pas moins que Marsault est un vrai dessinateur satyrique, dans la lignée des dessinateurs de Pilote, Charlie Hebdo, Fluide Glacial, Siné, Hara-Kiri et autres.

 

Son humour décalé voire très noir n’est pas non plus absolument unique, puisque de nombreux dessinateurs usent des mêmes ressorts comiques (principalement l’outrance, le mauvais goût ou la violence absurde), à l’image des dessinateurs de Glory Owl, Ultimex, ou les dizaines d’autres, français comme étrangers, seulement connus par une petite communauté. Il n’est pas non plus à mettre entre toutes les mains, notamment parce qu’il s’attaque parfois à des sujets extrêmement polémiques comme le handicap (attention âmes sensibles s’abstenir), la « beauferie« , le terrorisme et les réactions qu’il génère au sein de la population… Il a également publié de nombreux dessins caricaturant les militants de « la bien-pensance« , et quelques dessins représentant Jean-Marie Le Pen ou des nazis (, ou encore ), ce qui a amené un certain nombre de gens à le considérer d’extrême-droite, et ce qui a amené certains sites nationalistes à reprendre ses dessins, comme Fdesouche ou Egalité et Réconciliation.

Comme on peut s’en douter, Marsault est un dessinateur controversé, qui déplaît à énormément de monde (notamment tous ceux qui se sentent visés par ses dessins), mais qui est néanmoins soutenu par une base de fans ne se réduisant plus à quelques lecteurs occasionnels, et ceci d’autant moins que Marsault est désormais publié aux éditions Ring, qui publient entre autres auteurs Laurent Obertone (La France Orange Mécanique), Zineb El Rhazoui (ancienne collaboratrice de Charlie Hebdo, co-auteur avec Charb de la Vie de Mahomet) ou Philippe Verdier (ancien présentateur météo écarté pour avoir critiqué le GIEC, auteur de Climat Investigation)…

Depuis un an, la page Facebook de Marsault était attaquée par une petite bande de cyber-militants considérant le dessinateur comme un partisan d’extrême-droite, fasciste, misogyne, raciste, [insérer toute la palette habituelle des qualificatifs désobligeants]. Quelques-uns de ses dessins avaient été censurés par l’algorithme Facebook au motif qu’ils enfreignaient les règles de la communauté (alors que la propagande djihadiste ne l’est toujours pas, y compris les vidéos de décapitation, mais passons…), sans grande surprise au vu de certaines de ses œuvres. Après avoir tracé un signalement jusqu’à un petit groupe de militantes « féministes », Marsault a publié sur Facebook un dessin inspiré par la rhétorique de ce genre de groupes, le 27 décembre 2015.

Le dessin à l'origine de la cyber-guerre menée contre Marsault
Le dessin à l’origine de la cyber-guerre menée contre Marsault

La réponse ne s’est pas faite attendre, et le dessin a été censuré au bout de quelques jours. La cyber-guerre contre Marsault a pris dès lors une toute autre ampleur.

Ses dessins rendant hommage au chanteur de Mötörhead décédé à la fin de l’année 2015 ont également été attaqués par une vague de signalements qui ont abouti à leur censure, de même que son dessin rendant hommage à David Bowie. Cette censure ne s’est exercée que par l’exploitation des algorithmes de censure de Facebook: quelques signalements entrainent une révision « manuelle » (en réalité, exercée par un algorithme essayant d’identifier le contenu de l’image, du message ou de la vidéo), mais une vague de signalements massifs entraine la censure automatique de l’image ou de la vidéo visée, l’algorithme jugeant que la masse de signalements est suffisante pour censurer sans chercher plus loin.

Depuis le début de l’année, TOUS les dessins de Marsault publiés sur Facebook ont été censurés, quel que soit leur sujet, sans que jamais la discussion ne soit engagée avec lui via sa page, un site ou même les commentaires. La page de Marsault avait été fermée de façon temporaire (un mois) par Facebook au mois de décembre, avant de l’être définitivement début août. Un dessin de Marsault avait sur la fin une espérance de « vie » de quelques heures avant la censure, même lorsqu’il prenait fait et cause pour les grévistes contre la Loi Travail ou contre le Gouvernement. Cette fermeture intervient à peine quelques jours après que les éditions Ring aient été dévalisées dans des conditions clairement liées à une volonté de détruire le travail accompli depuis des mois, à quelques semaines de la rentrée littéraire de septembre 2016.

Il est important à ce stade de rappeler l’article 222-33-2 du code pénal, qui définit le Harcèlement comme étant « des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte [aux] droits et [à la] dignité, d’altérer [la] santé physique ou mentale ou de compromettre [l’]avenir professionnel [d’autrui] ». De ce point de vue-là, la cyber-guerre menée contre Marsault pour aboutir à la censure de sa page Facebook et de ses publications s’apparente donc bien à un harcèlement en règle. Si ce dessinateur controversé était réellement raciste, misogyne et autres, l’affaire aurait dû être portée au pénal par des associations de défense des minorités (ce qui n’a pas été le cas), et non faire l’objet d’une vendetta virtuelle sur internet.

Après la fermeture de sa page Facebook, Marsault est tombé sur cette publication publique, privatisée depuis, où l’auteur se félicite de la fermeture de la page principale du dessinateur et appelle à la censure de sa deuxième page. Or, cette jeune femme est à l’origine de la cyber-guerre menée contre Marsault depuis la publication de son dessin du 27 décembre 2015, ou en tout cas fait partie du petit groupe à l’origine de celle-ci. Précisons tout de suite pourquoi je n’ai pas censuré l’identité Facebook de celle-ci dans le lien que j’ai pointé: d’une part, il s’agit d’un pseudonyme et non de son identité réelle, pseudonyme qui est d’ailleurs commun sur Facebook. Les moyens de l’identifier sont limités, d’autant plus que celle-ci a changé sa photo de profil et privatisé ses publications. En outre, une recherche avec deux mots clés (« Marsault » et « Harcèlement ») permettent de retrouver la publication originale en quelques clics, et celle-ci a largement été relayée au cours des derniers jours, l’anonymiser n’aurait eu, donc, aucun effet. Et à titre purement personnel, j’estime que quand on se prétend militant, que ce soit de gauche, de droite ou d’un extrême, on a le courage de ses opinions en public, sinon c’est de la pure hypocrisie.

Dans un élan peut être un peu rapide, Marsault a décidé de publier une capture d’écran de ladite publication sur sa deuxième page, sans l’anonymiser et en annonçant que la jeune femme pouvait s’attendre à recevoir « 3-4 messages ». Si parmi les quelques 500 fils de commentaires de son article on a pu constater beaucoup de colère parmi ses fans, qui ont pour certains largement dépassé le cadre de la critique virulente (allusions à des violences, physiques comme sexuelles, insultes…), on a aussi pu voir une certaine incompréhension sur la non-anonymisation de la publication (qui aurait théoriquement pu « protéger » les jeunes femmes en question d’éventuelles représailles dans le monde physique, qui seraient absolument insupportables et à condamner très durement). Dans l’ensemble néanmoins, il s’agissait surtout de messages de soutien et d’encouragement à Marsault.

Comme il fallait s’y attendre, les choses n’en sont pas restées là et plusieurs groupes s’en sont mêlés, dont la page Paye Ta Shnek  qui a pris fait et cause pour défendre la jeune femme à l’origine du conflit. Seulement voilà, l’administratrice de PTS n’a pas seulement pris fait et cause pour elle, elle a aussi appelé ses quelques 150 000 abonnés à signaler la publication de Marsault, ainsi qu’à signaler sa page pour le faire censurer totalement, dans un commentaire de sa publication originale qui a été retiré depuis.

D’un côté, il y avait donc un artiste harcelé depuis quasiment un an et particulièrement depuis 8 mois, finalement censuré et qui a réagi d’une manière inconsidérée en n’anticipant pas les réactions violente d’une minorité infime de sa base de fans à l’encontre des jeunes femmes ciblées (notons néanmoins qu’on ne saura probablement jamais combien de messages directs celles-ci auront reçu, ni leur teneur. En prétendant avoir reçu des « centaines » de menaces de mort et d’appels au viol sans fournir aucun détail ou exemple, elles se placent clairement en position de victimisation virtuelle à partir de leurs seules déclarations, une méthode que je juge franchement facile et manipulatrice. Si menaces il y a, portez plainte, au lieu de vous en prévaloir pour vous donner le beau rôle dans cette histoire nauséabonde).

De l’autre côté, on a une communauté de cyber-militants très actifs, hurlant au scandale, ayant harcelé et fait censurer Marsault depuis des mois, et surtout appelant à la censure définitive d’un artiste certes bourrin et controversé mais néanmoins tout à fait en droit de dessiner ce qu’il dessine et protégé par nos libertés fondamentales d’opinion et d’expression aussi longtemps qu’il n’aura pas été condamné par un tribunal.

Il y a des torts des deux côtés, néanmoins je ne peux m’empêcher de penser que la véritable victime dans cette histoire n’est autre que Marsault lui-même. Que l’on apprécie ou pas son art qu’il revendique inspiré par des grands noms comme Gotlib ou Uderzo, ce dessinateur a non seulement le droit de dessiner ce qu’il dessine (aussi longtemps qu’il n’est pas condamné par la Justice, encore une fois), mais il est encore protégé par ce qu’il y a de plus sacré dans notre société: la liberté d’expression telle qu’issue du procès intenté contre Charlie Hebdo après l’affaire des caricatures de Mahomet.

L'un des nombreux exemples de couverture de Hara-Kiri que l'on peut trouver sur google
L’un des nombreux exemples de couverture de Hara-Kiri que l’on peut trouver sur google, sachant que le contenu était généralement bien plus trash

A la grande époque de la bande dessinée française, les journaux comme Hara-Kiri ou Charlie Hebdo ont publié des dessins du même tonneau que ceux de Marsault, signant donc une tradition bien française de l’irrévérence ancrée depuis plusieurs décennies dans notre paysage sociétal.

Il ne s’agit pas de défendre un dessinateur sous prétexte qu’il serait de gauche et donc « au dessus de tout soupçon ». Un satiriste, par définition, se moque d’un groupe de personne, voire d’une personne en particulier, en usant d’un comique d’exagération forcément caricatural. Il s’agit de permettre à chacun d’exercer son métier ou son activité dans le cadre légal en étant protégé contre les attaques à son encontre, inévitables, et quelle qu’en soit l’origine. Marsault, tout comme Charb ou Wolinski, DOIT pouvoir s’exprimer en toute quiétude dès lors qu’il n’a pas été condamné par la Justice. La censure extra-judiciaire et le harcèlement qu’elle suppose, qu’elle soit de gauche ou de droite, est une méthode fasciste, totalitariste, quelles que puissent être les justifications que l’on peut invoquer. Si un artiste n’est pas condamnable, alors même si ses publications ne nous plaisent pas, elles doivent être sereinement publiées. Siné avait été accusé en son temps d’antisémitisme, sans jamais être condamné.

Or, c’est précisément le même problème qui touche actuellement Marsault: attaqué pour son prétendu racisme, sa prétendue misogynie, ses prétendues sympathies pour l’extrême droite et ses soi-disant relations avec Alain Soral (en raison de la reprise de certains dessins de Marsault sur Egalité et Réconciliation), ce dessinateur a été privé de sa liberté d’expression parce qu’il a déplu à quelques dizaines de personnes qui n’ont jamais mis à l’épreuve le contenu de ses dessins contestés devant la justice. Dans une France post-Charlie Hebdo, c’est un véritable scandale que de voir des appels à la censure d’un artiste, innocent jusqu’à preuve du contraire, quel que soit son talent ou sa formation, quelles que soient ses opinions alléguées ou réelles, quel que soit le sujet général ou le ton de ses créations.

L’administratrice de PTS affirme que son appel à la censure n’avait rien à voir avec Charlie Hebdo et ne concernait que la publication de Marsault incriminant la jeune femme qui a participé à son harcèlement depuis le début de l’année. La première version de son appel à la censure, modifiée le lendemain, incluait pourtant bien un appel à signaler l’ensemble de la page de Marsault, pas seulement sa publication. Elle a participé, en outre, aux attaques contre lui, au même titre que l’Empêcheuse de Peser en Rond, la Team Bagarre, et plusieurs autres, qui ont eu lieu au cours des derniers mois de façon systématique et indiscriminée. La gestion stalinienne de PTS au cours du conflit, par une censure de tout commentaire et un bannissement de toute personne un tant soit peu en désaccord avec la ligne de la page, suggère à juste titre qu’il est impossible de discuter sereinement avec ces gens. Elizabeth Lévy, directrice de rédaction du journal Causeur qui leur a consacré un dossier l’année dernière, l’avait déjà souligné en expliquant que si le « combat féministe » semble légitime alors qu’il est gagné depuis longtemps, ces « néo-féministes » sont ultra-dangereuse pour notre démocratie et notre société car ne tolèrent pas les opinions différentes des leurs, et surtout, ne supportent pas les hommes, comme le démontre très bien ce blog. Or, on n’est plus là dans le cadre du féminisme, mais dans la plus pure misandrie, tout aussi sexiste et dangereuse que la misogynie.

Marsault a été la victime facile de ce genre de groupuscules, mais il n’est pas le seul. Il suffit aujourd’hui de déclarer quelqu’un raciste ou antisémite ou misogyne pour déclencher sur lui l’opprobre générale, même en ne fournissant aucune preuve ou en en forgeant de toute pièces, quitte à associer une personne à de vrais salopards comme Dieudonné ou Soral, qui eux ont été condamnés à de multiples reprises.

Alors, comme toujours, quand vous lisez quelque chose sur quelqu’un (et cet article ne doit pas faire exception), ne vous contentez pas de ce que vous avez lu, même si c’est illustré avec des captures d’écran ou des citations par essence tronquées et hors contexte. Allez voir ce que la personne fait, dit, publie, allez voir qui elle est, aussi bien dans ce qu’elle montre que dans ce qu’elle peut dire dans des entretiens. Faites-vous votre propre opinion, et ne vous laissez pas imposer une pensée unique…

Merci Marsault!
Merci pour tout Marsault, et rendez-vous en octobre dans toutes les bonnes librairies!

De la diffusion de la peur du réchauffement climatique

Inondation de Venise, Andrea Pattero/AFP/Getty Images
Inondation à Venise, Andrea Pattero/AFP/Getty Images

De temps en temps, l’actualité fait que la population ne se préoccupe plus vraiment du temps qu’il fait, et oublie totalement le « réchauffement climatique ». Les choses étant ce qu’elles sont, on a tendance à se préoccuper de ce qui nous menace vraiment directement, plutôt qu’une vague menace sur laquelle personne ne se met d’accord formellement.

Alors on voit surgir de nulle part des articles comme celui-ci, nous parlant d’un coin que personne ne connaît, que personne n’ira visiter, et que peu de monde peuvent situer sur une carte (le Liberia, pour info, c’est un petit pays d’Afrique de l’ouest équatoriale situé au bord de l’Atlantique, juste à côté de la Côte d’Ivoire).
Avant de poursuivre, je vous invite à lire l’article, ça va prendre deux à cinq minutes. Nan, nan, vraiment, lisez-le.
C’est fait?
Quel drame n’est-ce pas? Tous ces pauvres gens, menacés par le « réchauffement climatique » et la fonte des glaces (un comble pour un pays tropical!). De quoi se sentir un peu mal pour eux et triste, et prendre de bonnes résolutions n’est-ce pas?

Sauf que tout est bidon. Bon, pas la partie drame humain qui elle est réelle, mais l’explication donnée: le véritable problème qui touche West Point, ce n’est pas la montée des eaux, mais l’érosion des sols sablonneux.

Vue aérienne du bidonville de West Point
Vue aérienne d’une partie du bidonville de West Point (détail), construit en partie sur des bancs de sable
La montée des eaux sur tout le 20e siècle (100 ans, donc) est estimée entre 12 et 22cm (cf. par exemple Stéphane Malebranche, Le Changement Climatique: du méta-risque à la méta-gouvernance, p. 63, consultable via google books), la moyenne annuelle depuis 1992 s’établissant à un peu moins de 3mm/an, soit donc une élévation totale de 17 à 27 cm depuis 1900. C’est loin, très loin de permettre une submersion de ces quartiers ou, autre cas qui revient tout le temps chez Greenpeace, de l’archipel des Kiribati, même en intégrant les effets cumulés des vagues et des courants. Pour les Kiribati, c’est l’enfoncement du plancher océanique qui est en cause, et l’érosion des sols. Les marées et les vagues, même de petite ampleur, érodent en effet énormément les côtes (cf les côtes d’Armor ou le phénomène d’érosion fluviale des sols au Bangladesh). Le sable, de par sa nature, doit être considéré comme un fluide qui se déplace au gré des flots en fonction de leur vitesse (courants) et de leur puissance (houle/marées). Si on en enlève quelque part, la nature va avoir tendance à en remettre pour « lisser » le trou (pensez aux trous et châteaux de sables sur les plages, il n’en reste rien après 24h: c’est le même principe).
Or, saviez-vous que le sable des plages est pillé par certaines multinationales avec la complicité des autorités locales pour être employé dans la construction, parce qu’il y a une « pénurie » mondiale de sable utilisable dans la construction? L’Afrique sub-saharienne est particulièrement touchée par ce phénomène, qui n’épargne donc pas le Liberia. Les côtes sont redessinées au fil des ans à cause de ce commerce-là. La pauvreté extrême amène les populations à s’établir là où elles le peuvent, y compris les plages, bancs de sable et autres dunes, ce qui accentue ce phénomène, et surtout le rend visible de par ses conséquences parfois catastrophiques. La plage n’est pas habitable, elle est une zone d’interface, d’échange entre l’univers marin/océanique et l’univers terrestre. En une année, une plage peut changer de visage au point d’être méconnaissable. Seuls les aménagements du littoral donnent l’illusion d’une permanence.
Un cas d'érosion naturelle qui a fait la joie des journalistes de BFMTV, TF1 et France 2 l'année dernière...
Un cas d’érosion naturelle qui a fait la joie des journalistes de BFMTV, TF1 et France 2 l’année dernière…


L’érosion des sols sablonneux est bien évidemment aggravé par les phénomènes climatiques exceptionnels que sont les tempêtes, dont le GIEC prédit qu’elles seront plus fréquentes et plus violentes au cours du 21e siècle. Si le changement climatique a un impact, c’est donc à ce niveau là, et non en raison de la prétendue montée des eaux (qui bizarrement ne semble pas être beaucoup remarquée dans les ports…).
Entendons-nous bien: le changement climatique est un phénomène difficilement contestable. On observe un recul sans précédent de mémoire d’homme des glaciers, une diminution de la banquise (surface, épaisseur), et la fonte des glaces induit une hausse globale du niveau de l’eau. C’est un phénomène qui existe depuis au moins 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) et semble s’accélérer depuis un moment indéterminé du 20e siècle (on ne peut pas accuser par exemple les tests nucléaires atmosphériques, ce qui indique que le phénomène est diffus dans l’espace et dans le temps). L’érosion des littoraux est probablement affecté dans une certaine mesure par le changement climatique, mais certainement pas au point d’accuser celui-ci d’être responsable d’un phénomène physico-chimique parfaitement naturel tel que l’érosion.

Ce qui est largement contestable en revanche, c’est cette propension des médias et d’une certaine partie des lobbys « écologistes » et des scientifiques à jouer sur l’aspect dramatique des événements pour les faire coller à cette espèce de grosse blague qu’est devenue la doctrine du « réchauffement climatique ». Lors de la tempête Xynthia en 2010, tout comme lors de l’Ouragan Katrina en 2005, on nous a présenté les faits comme résultants de quelque chose d’inéluctable dont l’homme est responsable: l’émission de carbone dans l’atmosphère dont le résultat est le réchauffement climatique.

Vue des quartiers populaires de la Nouvelle Orléans après le passage de l'ouragan Katrina, 2005
Vue des quartiers populaires de la Nouvelle Orléans après le passage de l’ouragan Katrina, 2005
Or, ce n’est pas vrai. Dans les deux cas, les catastrophes étaient évitables et ne se sont produites que parce que les autorités locales et nationales se sont défaussées de leurs responsabilités, d’une part en permettant l’installation dans des zones à risque parfaitement identifiées, d’autre part en ne procédant pas aux investissements nécessaires pour la rénovation et l’entretien des aménagements littoraux. Le même phénomène touche actuellement West Point au Liberia, mais une décennie après la catastrophe de la Nouvelle Orléans, on en est toujours au même point: c’est la faute au réchauffement.
Il serait vraiment souhaitable pour nos sociétés que l’on arrête de faire croire que les catastrophes sont inéluctables et le fait de choses supérieures à nous (Réchauffement, Rayons Cosmiques, Dieu…). Elles sont le fait d’hommes et de femmes dont la seule référence est le résultat d’un calcul coûts/bénéfices/risques qui prennent des décisions dans l’unique but de s’enrichir. Se défausser ainsi sur la Nature en nous pointant du doigt parce qu’on boit de l’eau en bouteille plastique (c’est de notre faute à nous, nous!) est proprement scandaleux.
Ceux qui vous font croire que les catastrophes naturelles sont inéluctables vous mentent. Même sans maîtriser la Nature, on peut prévenir ses impacts négatifs avec un minimum de bon sens et d’humanité.
C’est peut être ça, finalement, le grand problème aujourd’hui: au lieu de voir des pauvres et des exclus de la société, vivant dans des conditions de précarité effroyables, on préfère voir la main invisible de la Providence.

La France est-elle un pays chrétien?

En 1905, après un long combat mené depuis les débuts de la IIIe République (1875), la Loi actait la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Affiche allégorique figurant la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Affiche allégorique figurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Celui-ci ne devait plus financer ou rémunérer une quelconque activité cultuelle avec l’argent des contribuables, et l’enseignement public devenait par conséquent laïc. Sans catéchisme à l’école, la Religion devenait ainsi l’affaire de la famille, dans la sphère du privé.

Cette laïcité ne s’est pas faite dans la violence et n’a pas été plus conflictuelle que cela: les organisations religieuses  conservaient l’utilisation des lieux de culte lorsqu’elles en justifiaient l’usage, les congrégations religieuses étaient officiellement reconnues depuis la Loi sur les associations de 1901, et le denier de l’Eglise, au lieu de financer le train de vie luxueux des prélats, était désormais destiné à la rémunération des prêtres et à l’entretien de leurs lieux de vie. Certains diocèses ont d’ailleurs pu racheter à l’Etat des édifices religieux sans aucun problème, et le 20e siècle a vu la construction d’environ 5000 édifices religieux par les Eglises (ce chiffre n’inclut pas les Mosquées et autres salles de prières musulmanes).

Comment expliquer que cette séparation se soit faite sans grands heurts, quoiqu’en disent les catholiques?

Il faut rechercher les racines de cette Loi plusieurs siècles auparavant, avec les guerres civiles de religion de la seconde moitié du 16e siècle. L’extrême violence des conflits opposant catholiques et protestants était très mal endiguée par les partisans du pouvoir royal, qui essayait de faire office de médiateur.

Illutstration tirée d'un ouvrage d'histoire pour enfant présentant les Dragonnades sous son angle le moins violent: le pillage des denrées alimentaires.
Illustration tirée d’un ouvrage d’histoire pour enfant présentant les Dragonnades sous son angle le moins violent: le pillage des denrées alimentaires.

Les massacres de la Saint Barthélémy d’août 1572 avaient fait des milliers de morts (3000 rien qu’à Paris, jusqu’à 30 000 au total dans le royaume selon les sources), et les campagnes étaient tout aussi touchées que les villes par les razzias, les pillages et les massacres à plus ou moins grande échelle. Si l’on cite régulièrement l’Edit de Nantes de 1598 comme modèle de tolérance religieuse, on oublie un peu trop souvent que les guerres de religions ont été relancées sous Louis XIV par l’envoi de régiments de Dragons (soldats royaux) dans les régions protestantes, pour vivre à la charge des familles. Concrètement, les protestants devaient nourrir, loger et entretenir les troupes, qui la plupart du temps se livraient au pillage des biens voire aux viols. Il s’agissait pour les protestants soit de se convertir au catholicisme pour faire partir les soldats, soit d’émigrer, avec tous les risques que cela comportait à l’époque.

Les persécutions religieuses n’étaient évidemment pas propres à la France et ont largement secoué toute l’Europe. L’émigration des puritains (protestants) anglais vers l’Amérique avec le célèbre épisode du Mayflower a lieu à partir du début du 17e siècle, preuve que la question n’a pas touché que notre pays. Ce conflit a en tout cas traumatisé durablement les pays qui ont eu à en souffrir, au point que la concorde entre religions deviendra une préoccupation majeure pour la société civile.

C’est sous les Lumières que sera mise en avant la Liberté de Conscience, c’est à dire le droit pour chacun d’exercer le culte qu’il désire. Les philosophes des Lumières eux-mêmes se détachaient de la religion: s’ils croyaient effectivement en un Dieu, il s’agissait plus pour eux d’être déistes que catholiques ou protestants. De fait, les seuls véritables dévôts parmi les intellectuels étaient ceux faisant partie de la Compagnie de Jésus, ou « jésuites ».

L’existence de Dieu était ainsi reconnue, mais d’une façon qui transcendait les confessions. Ce proto-laïcisme permettait la cohabitation de tous avec chacun, y compris les israélites (juifs) dans un pays très largement catholique.

Index des Livres Interdits suivant la règle définie par le Concile de Trente en accord avec les Pères de l'Eglise, 1564
Index des Livres Interdits suivant la règle définie par le Concile de Trente en accord avec les Pères de l’Eglise, 1564

L’Eglise avait néanmoins conservé une toute-puissance dont elle abusait, et ses prélats vivaient dans une opulence intolérable dans une France qui crevait de faim. Rappelons de plus que l’Eglise avait mis en place dès le 16e siècle un Index des livres interdits (dont la Bible de Gutemberg…) que la Sainte Inquisition faisait appliquer avec zèle partout où elle pouvait exercer son action (c’est à dire, dans tous les royaumes catholiques), quitte à faire brûler les « hérétiques », comme l’affaire du Chevalier de la Barre l’illustrera suffisamment en 1745.

L’anticléricalisme qui marqua l’après Révolution et tout le 19e siècle s’explique par cette omniprésence de l’Eglise dans les affaires privées et politiques, et le refus de se réformer pour gommer les abus. L’émergence des socialismes puis du marxisme achèveront de convaincre de la nécessité d’écarter les religions de la sphère du Pouvoir pour concrétiser la paix civile, quitte à les supprimer totalement comme Lénine et Staline tenteront de le faire après la Révolution Bolchévique.

La IIIe République est profondément marquée par la Commune de Paris de 1871, et s’inspire dès ses origines de ses expérimentations sociales pour bâtir un Etat-providence prenant en charge beaucoup d’aspects de la vie quotidienne: organisation du travail, organisation de l’éducation, premières tentatives d’établir les standards de la santé publique, développement industriel, technologique et urbain…

page de titre du journal satyrique anticlérical La Calotte, 1903
page de titre du journal satyrique anticlérical La Calotte, 1903

Autant de sujets sur lesquels l’Eglise s’est avérée incapable de non seulement prendre position, mais surtout de s’adapter. Comment un curé aurait-il pu comprendre ses paroissiens qui passaient leurs vies à l’usine ou à la mine, quand lui-même vivait confortablement en étant rémunéré sur les impôts des travailleurs? Le nouveau mode de vie industriel avait en réalité largement acté la laïcité dans la société civile, bien avant 1905, mais la survenance de l’Affaire Dreyfus va relancer la crainte d’un conflit religieux dans le débat public, affaire durant laquelle les désaccords ont largement dépassé le cadre du strict débat pour dégénérer en violences physiques, anticléricalisme (chez les dreyfusards) et antisémitisme (chez les anti-dreyfusards, majoritairement catholiques).

Plus que la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la Loi de 1905 actait la liberté de conscience et l’égalité de dignité de toutes les religions (catholicisme, protestantisme, judaïsme…), c’est à dire arrêtait de cautionner la domination catholique sur les esprits et les âmes, sans pour autant faire la promotion des autres confessions, au prix de l’insatisfaction d’une minorité de gens réellement choqués par cette Loi.

La suite, on la connaît. Hormis la période fasciste au cours de laquelle des dictateurs ont voulu entreprendre le remplacement des religions par un culte de la personnalité voire un néo-paganisme (Allemagne Nazie), la Religion a largement été repoussée dans la sphère privée. Couplé au psychodrame du concile Vatican II, ce recul a amené l’Eglise catholique à quasi disparaître de la sphère publique, hormis dans une frange généralement aisée et/ou issue des vieilles familles de la noblesse française.

Fausse-publicité parue dans le journal Charlie-Hebdo dans les années 1980
Fausse-publicité parue dans le journal Charlie-Hebdo dans les années 1980

Dans les années 1960-70, des journaux comme Pilote, Hara-Kiri ou Charlie Hebdo n’ont finalement fait que tirer sur l’ambulance. L’irrévérence à l’égard des religieux, démarrée avec Voltaire au 18e siècle, a fini par aboutir deux siècles plus tard à une tradition anticléricale ou en tout cas largement déconnectée des religions.

Comment expliquer alors qu’en 2016, on trouve des gens pour nous expliquer que la France est un pays chrétien, ou que l’Europe a des racines chrétiennes?

Il est difficile de déconnecter ce retour en force du christianisme autrement que par l’intrusion dans le débat public de la question religieuse tournant autour de l’Islam. Parce que la France compte 5 millions de musulmans, des hommes politiques en difficulté électorale ont essayé de séduire les pratiquants de l’Islam en leur permettant de s’inviter dans le débat public, par le biais du problème du racisme. En associant les populations d’origine maghrébines à une pratique religieuse, puis en mettant en doute ces pratiques religieuses (Voile…) pour mieux faire semblant de vouloir les contrôler (Création du CFCM à l’initiative de Sarkozy en 2003), ces apprentis magiciens ont fini par faire renaître de ses cendres le conflit interreligieux qui s’était éteint définitivement après 1905, malgré un bref retour sous le régime de Vichy.

Car finalement, c’est bien le fait que l’Islamisme ait été promu (directement ou non) qui a permis au christianisme de renaître à ce point.

Comment peut-on faire confiance à un homme au regard si diabolique?
Comment peut-on faire confiance à un homme au regard si diabolique?

Ratzinger/Benoit XVI (ancien patron de la Congrégation de la Foi, héritière de la Sainte Inquisition) ne s’y était pas trompé et avait profité de l’aura de Jean-Paul II et de sa volonté d’oecuménisme (union dans la Foi) pour réintégrer les groupes intégristes comme les lefebvristes au sein de l’Eglise…

Depuis une dizaine d’années, on voit le retour du discours religieux dans la bouche d’une certaine Droite et d’une certaine extrême Droite. Les fins électoralistes sont évidentes, mais elles récupèrent ainsi à leur profit la peur de l’islamisme et font naître l’illusion que la France a une tradition de proximité avec la chrétienté, c’est à dire l’Eglise Catholique. Or, ce n’est pas vrai, ou en tout cas, ce n’est plus vrai depuis près de trois siècles. S’il ne s’agissait que d’une question de Foi, d’opinion religieuse par essence personnelle ou en tout cas ne quittant pas le cadre familial, il n’y aurait pas vraiment de problème.

Seulement voilà, la Loi sur le Mariage pour Tous a démontré qu’une partie de la population française recommence à adhérer à l’idée que l’Eglise a toute légitimité pour s’inviter dans le débat politique et la vie publique. Comme à l’époque du PACS, lorsqu’en plein débat parlementaire à l’Assemblée Nationale, Christine Boutin avait brandi une Bible, on a pu voir des gens faire appel à la Bible pour justifier leur opposition au mariage gay, en faisant mine d’ignorer que le même texte n’est rien d’autre qu’un pamphlet de haine et un appel au viol et au meurtre envers absolument tout le monde. S’agissait-il pour eux de défendre leur mode de vie? Non, puisque ni leurs droits, ni leurs vies n’étaient et ne sont visés par cette loi-là. S’agissait-il de défendre leur religion? Même pas, puisque le mariage civil n’a rien à voir avec le mariage religieux et que la Loi n’obligeait en rien les prêtres à marier des homosexuels.

On aura surtout retenu de leur croisade anti homosexuels ce spectacle surréaliste qui aurait pu faire rire s'il n'avait pas suggéré des tendances bien plus sombres que le simple burlesque...
On aura surtout retenu de leur croisade anti homosexuels ce spectacle surréaliste qui aurait pu faire rire s’il n’avait pas suggéré des tendances bien plus sombres que le simple burlesque…

Aujourd’hui, ces gens tiennent la ligne en se réfugiant derrière le combat contre la Procréation Médicalement Assistée (fécondation in-vitro et autres) et surtout la Grossesse pour Autrui (débat légitime, mais pas pour des questions d’ordre religieux). Ils n’hésitent pas à se lier avec des partis et groupes qu’ils condamnaient encore il y a peu,  preuve que le retour du religieux est moins le retour d’une Foi qu’une réaction identitaire face à la religion islamiste.

Or, l’Histoire a démontré qu’on ne combat pas un extrémisme religieux par un autre extrémisme religieux. Nos guerres de religion ont duré des décennies et n’ont rien résolu. Seule la reconnaissance des deux côtés de la nécessité de la Concorde a pu dénouer le conflit, et seule la séparation stricte des Eglises et de l’Etat a permis à la France d’être enfin en paix. Plus que jamais, il est nécessaire de défendre la Laïcité et de refuser l’intrusion des religieux dans nos vies, dans notre politique et dans notre société.

Ce n’est pas en rejoignant l’Eglise catholique, ou en rejoignant les fidèles de pseudo-religieux comme Morgan Priest que vous ferez reculer la religion musulmane, mais bien en refusant toutes les religions et en protestant à chaque fois qu’un de nos soi-disant hommes politiques prétendra faire appel aux religieux pour résoudre nos problèmes. Les Religions n’ont jamais rien résolu et n’ont généré que des conflits sanglants.

Voilà pourquoi la France n’est pas chrétienne mais laïque et ses traditions sont plus anticléricales qu’autre chose.

N'oubliez jamais
N’oubliez jamais que juifs, chrétiens et musulmans ont le même Dieu. Le même.

 

Mythes et réalités de l’Absinthe (4): le 20e siècle

Nature morte avec Absinthe - Vincent Van Gogh (1887)
Nature morte avec Absinthe – Vincent Van Gogh (1887)

L’Absinthe a été interdite en 1915 (en France) suite à la pression de l’alliance improbable des ligues de vertu chrétiennes et des viticulteurs. La loi avait interdit l’ensemble des boissons similaires, y compris les alcools anisés.

Pour les distillateurs, ce fut une véritable catastrophe, et nombreux furent ceux condamnés à disparaître suite à la faillite de leurs affaires. L’alcool le plus consommé de France était du jour au lendemain totalement banni, interdit. Les choses auraient pu en rester là, et voir le vin remplacer définitivement l’absinthe, les français n’étant pas prêts à accepter d’arrêter de lever le coude, même pour des questions de santé publique, de patriotisme économique ou de vertu religieuse…

C’était sans compter sur les distillateurs du sud-est de la France, au premier rang desquels Pernod, puis Ricard. Profitant d’un assouplissement de la Loi en faveur des boissons alcoolisées à base d’anis, ils mirent sur le marché à partir de 1922 un alcool qui allait devenir le symbole du « savoir vivre à la méditerranéenne »: le Pastis.

Cet alcool fut très vite adopté par les nostalgiques de l’absinthe, bien qu’il en soit très différent en terme de qualités gustatives. Bien que l’Absinthe ait une odeur et un goût anisés, il s’agit d’un alcool beaucoup plus subtil, qui a aussi un goût d’herbes et d’épices, ce que le Pastis, réalisé avec quasi 100% d’anis (et des pointes de fenouil et de réglisse), ne peut avoir. Cependant, le principe est le même: il s’agit d’un alcool qu’on boit dilué, avec de l’eau fraîche, qui se trouble et qui se boit de façon conviviale (partage du pichet d’eau).

Une publicité emblématique des débuts du Pastis
Une publicité emblématique des dégustations du Pastis entre amis, image sympathique et conviviale d’un alcool malgré tout dangereux pour la santé

Distillé par les entreprises du sud de la France, celles-ci jouent très vite la carte « locale », en accolant au nom de leurs production le terme « de Marseille ». En jouant sur la recette en y ajoutant un colorant qui trouble l’eau quand on la mélange au pastis pour rappeler aux anciens la nostalgie de l’Absinthe, tout en ancrant leur pastis dans une aire géographique, ces distillateurs ont su faire de leur production un alcool de renommée mondiale.

Pourtant, le Pastis est un alcool menteur. Développé dans l’intention de remplacer l’absinthe, il s’est parfois prétendu comme tel, « les risques en moins ». Autre exemple de la volonté d’assimiler les deux, les étiquettes de l’Absinthe Ricard ont été récupérées presque à l’identique pour le Pastis Ricard, comme pour créer une confusion et une continuité.

Pourtant, comme je l’ai dit, ces deux alcools n’ont strictement rien à voir en termes gustatifs. Le pastis est un alcool qui envahit la bouche et stimule toutes les papilles, alors que l’absinthe se fait surtout sentir sur le premier tiers de la langue et n’attaque pas la gorge. En outre, bien qu’il existe des pastis très élaborés, les recettes n’ont pas grand chose à voir avec la complexité des recettes de l’absinthe. Ceci aboutit à un constat que j’ai pu faire assez régulièrement: les amateurs d’Absinthe aiment rarement le Pastis, et vice-versa.

La renaissance de l’Absinthe à partir des années 2000 n’a pas amené de concurrence particulière, les distillateurs produisant désormais à la fois l’absinthe et le pastis, mais à destination de consommateurs différents. Là où une bouteille de pastis peut se trouver à partir de la dizaine d’euros (voire moins), la bouteille d’absinthe sera rarement à moins de 20 euros, les prix tournant plutôt aux alentours de la trentaine voire de la quarantaine d’euros.

Quant à moi, vous l’aurez compris, ma préférence va clairement à l’absinthe. C’est à la fois une question de goût mais aussi de principe: contrairement à l’absinthe, le pastis se mélange très mal avec la vodka…

 

Some (positive) critics about The Dark Verse – Vol. III

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A lil pic to celebrate the arrival of this book. It crossed the Atlantic Ocean to end in my hands. Sent to the Author, it was published on Facebook. « A new priest arises in France to spread the Dark Verse ».

A short-stories collection both fascinating and horrifying through its universe, with an efficient and flowing writing style, and absolutely delicious to read.
I first encountered the M. Amanuensis Sharkchild « The Dark Verse » series (3 independant volumes to this day) while taking a « walk » through american websites about horror litterature. I finally grabbed the third volume entitled « Beyond the Grip of Time » after a Giveaway organised by its author.
My a priori was very positive, as I had already read some extracts and critics. And also because the book itself is very cool to look at.

About the object itself, the book is bind with faux-leather, with a golden artwork imprinted. The edges of the pages are black, giving some hints about the content. It’s a really nice old-fashioned book, far from the insipid and sad standards we know in France for the same price (US $25 vs. €20 for an editor’s format in Europe, with a softcover). Two colored artworks ornate the first and last pages, and another artwork illustrates the title page. Each text is also illustrated by a two-pages artwork. All these illustrations are realized by the talented John Stifter and are really nice, giving a really good look to the whole book. If I wanted to be a bit meticulous, I’d say it lacks only a bookmark to be absolutely perfect. To sum up, everything is really good, and I have to say the work made on the book is really astonishing.
But what about the 26 short-stories that compose the third volume of The Dark Verse? Originally broadcasted through podcasts ont the author’s website, these texts are quite short (about 7-8 pages), and doesn’t deploy a long-term plot. Each text is self-sufficient and is about a different subject. Sharkchild knows how to create an horrific background in a very efficient way and some stories leaves in reader’s mind some unease, angst feelings. Very well written, these stories are as good as the book itself.
Beyond the Grip of Time gather texts which could be linked to dark onirism genre, to the « Cauchemardesque » (« nightmarish »). Each of the horrors it describes could be just here, in front of us, right now, behind this veil that hides the other dimensions. They contain the malevolence of a fundamentally hostile multiverse which predates us while we are unaware of a danger we can’t even understand or comprehend.
If the horror conception as it is exposed in here may be compared in french reader’s mind to some of the Lovecraft’s stories as The Dream-Quest of Unknown Kadath and every textes linked to the dream-cycle, I tend to compare them to Lord Dunsany’s work, but in a nightmarish version and as talented as it.
This reading is really to discover, and even more because its author is still alive and very friendly. The Dark Verse series is only available in american language to this day.

Une critique de The Dark Verse – vol. III

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Une photo pour célébrer l’arrivée de cet ouvrage qui a traversé l’océan Atlantique pour finir entre mes mains. Envoyée à l’auteur, elle a été publiée sur Facebook. « A new priest arise in France to spread the Dark Verse ».

Un recueil à la fois fascinant et horrifiant de par son univers, à l’écriture fluide et efficace, et à la lecture absolument délicieuse.
J’ai connu la série de M. Amanuensis Sharkchild « The Dark Verse » (trois tomes indépendants à ce jour) en me promenant sur les sites américains relatifs à la littérature d’horreur. Et j’ai finalement pu lire le troisième tome, intitulé « Beyond the Grip of Time » après avoir remporté l’ouvrage lors d’une opération « Giveaway » organisée par l’auteur.
Mes a priori étaient positifs, de par ce que j’avais pu en lire jusqu’ici dans des critiques ou courts extraits. Et pour ne rien gâcher, la couverture est franchement chouette.
Concernant l’objet lui-même, le livre est relié en faux-cuir avec un artwork original en dorures. Les tranches du livre sont noires, donnant le ton de ce qu’il contient. C’est vraiment un très bel ouvrage à l’ancienne, bien loin des standards fades que nous connaissons actuellement en France pour un prix équivalent (US. $25 contre €20 pour un livre éditeur en Europe) . Deux artworks couleurs différents ornent la page de garde et la page finale. Et un artwork illustre également la page de titre. Chaque texte est lui aussi orné d’un artwork double page. Les illustrations sont toutes réalisées par John Stifter et sont franchement du plus bel effet. Si je voulais être tatillon, je dirais qu’il ne manque qu’un signet pour avoir un sans-faute. Bref, que du bon, et je dois vraiment dire que le travail fourni sur le livre lui-même m’épate.
Mais qu’en est-il des 26 textes qui composent ce troisième volume des Dark Verse? Originellement diffusés en podcasts sur le site de l’auteur, ces textes sont assez courts (7-8 pages environ), et ne déploient pas d’intrigue au long cours. Chacun de ces textes se suffit à lui-même et aborde un sujet différent. Sharkchild sait poser une ambiance horrifique de façon vraiment très efficace, et certaines histoires laissent un sentiment de malaise et d’angoisse. Très bien écrits, ces textes sont donc largement à la hauteur de leur enrobage.
Beyond the Grip of Time réunit des textes que l’on peut rattacher à l’onirisme noir, au cauchemardesque. Chacune des horreurs qu’ils décrivent pourrait se trouver là, juste en face de nous, derrière ce voile qui nous occulte les autres dimensions. Ils contiennent la malveillance d’un multivers qui nous est fondamentalement hostile et qui fait de nous des proies inconscientes d’un danger que nous ne pouvons ni comprendre ni même appréhender.
Si la conception de l’Horreur telle qu’elle est exposée ici semblera évoquer immanquablement au lecteur français certains textes de Lovecraft comme La Quête de Kadath l’Inconnue et tous ceux qui sont liés aux Contrées du Rêve, ils m’évoquent cependant beaucoup plus les textes de Lord Dunsany, en version cauchemardesque et tout aussi talentueuse.
Une lecture à découvrir d’autant plus que son auteur est tout ce qu’il y a de plus vivant et sympathique, même si à ce jour la série The Dark Verse n’est disponible qu’en version américaine.