Tous les articles par Tiephaine G. Szuter

Personne n’en parle, mais l’Afrique du Sud est au bord du gouffre.

La « Nation arc-en-ciel » est, pour ceux qui suivent ce pays, un véritable cauchemar, et ce depuis maintenant une vingtaine d’années, et ça empire tous les ans.

A titre d’exemple, en moyenne sur les 3 derniers mois de 2022, 83 personnes ont été victimes de meurtres et assassinats, chaque jour. Le pays a également l’un des plus forts taux de viol au monde, avec plus de 150 victimes recensées pour 100 000 habitants (en 2020, 700 naissances suites à un viol l’ont été par des jeunes filles de 9 et 10 ans). On est sur des taux comparables à ceux de pays gangrenés par les cartels et les gangs en Amérique Latine.

Mais une société ne s’effondre pas seulement à cause de sa violence interne, elle s’effondre aussi parce que les politiques sont incapables de gérer le pays. L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus corrompus du monde, et cela a forcément des conséquences sur la gestion des affaires du pays. La chose s’explique en partie parce que l’Afrique du Sud est un pays très riche en minerais et pierres précieuses, et que tout le monde arrose tout le monde pour « faciliter » les exploitations et exportations. Outre le fait que cela crée une situation où l’extrême pauvreté côtoie l’extrême richesse, cela a aussi un coût social énorme pour les sud africains qui se retrouvent privés des revenus de l’exploitation de leurs richesses minières. Les grèves et émeutes y sont monnaie courante, et sont bien plus violentes que ce qu’on connaît en Europe.

Surtout, c’est désormais toute la chaîne des services de base qui s’effondre: alimentation (les meurtres de fermiers blancs en sont une des causes), transport (il y a régulièrement des chasses à l’homme organisée pour tuer les conducteurs de camion étrangers, accusés de « voler le travail des locaux »), santé (il n’y a pas de couverture universelle, et le système combine organismes privés très efficients pour les riches, et organismes publics dysfonctionnels pour le reste), et bien sûr énergie.

L’énergie est précisément ce qui est en train de précipiter le pays dans le chaos, petit à petit. Depuis 2007, le réseau électrique sud africain n’en finit plus de s’effondrer, et le gouvernement a dû imposer des coupures roulantes, comme nous aurions pu avoir cet hiver. Là où ça ne devait être que temporaire et durer pas plus qu’une heure par jour, le gouvernement vient d’instaurer le « stage 7 » de ce plan, qui permet de couper le courant pendant plusieurs heures, et ce 3 fois par jour. Le gouvernement envisage déjà la mise en place du « stage 8 », pour atteindre jusqu’à 14h de coupure quotidienne au total. Pire: alors qu’il y a 54 Gigawatts de capacité de production installée, 23 GW sont désormais hors ligne, dont seulement 4.5 pour raisons de maintenance. C’est qu’en fait, c’est le réseau qui ne tient plus, en raison d’un manque de maintenance aggravé par le pillage de l’électricité par des branchements illégaux.

Environ 80% de l’énergie électrique sud africaine est produite par des centrales à charbon, seuls 5% le sont par deux centrales nucléaires, qui sont en mauvais état. Et il n’y a aucune solution pour eux, parce qu’ils subissent une pression internationale, notamment financière, pour… respecter les normes environnementales et mettre en place la transition énergétique vers le renouvelable.

L’Afrique du sud est un paradoxe, car c’est un pays extrêmement riche en ressources, et qui est pourtant en train de basculer dans le tiers-monde. Ce pays est au bord de devenir un pays failli, et il n’y a malheureusement aucune solution dans le cadre de l’Etat de Droit et du Constitutionnalisme occidental. Si ce pays continue sur cette pente, il va devenir un Zimbabwe au centuple d’ici quelques années. Les mots « guerre civile » ne sont plus tabou et ne sont plus une caricature pour décrire ce qui est en train de s’y passer.

L’exemple sud-africain constitue un avertissement clair et sévère pour tous les apprentis sorciers qui gèrent actuellement l’Europe en y provoquant crise sur crise dans l’espoir vain de contrôler les populations.

Pour aller plus loin (article en anglais) : https://www.news.com.au/finance/economy/world-economy/stockpile-food-and-water-south-africa-faces-civil-war-conditions-if-power-grid-collapses/news-story/231d976d93e9a34ef8dfaf0ac3db6582

A propos de Bakhmut/Artiomovsk et de la propagande occidentale

Un milicien de la PMC « Wagner », à Bakhmut/Artiomovsk

Après le diner, il m’arrive de zapouiller sur la téloche pendant que l’eau du thé chauffe, et je ne suis généralement pas déçu d’avoir décidé de ne plus la regarder depuis maintenant plus de 15 ans.

Ce soir, je suis tombé sur les mines déconfites et graves des propagandistes de LCI. Il faut dire, Bakhmut/Artiomovsk est en train d’être « évacuée » par les forces ukrainiennes, qui ne peuvent pas tenir leurs lignes face aux forces de Wagner. Rien de surprenant pour quiconque suit ce conflit depuis un an (voire plus): l’armée ukrainienne, malgré l’indéniable bravoure des soldats sur le terrain, n’a plus la même qualité qu’il y a un an, parce que les pertes de soldats entrainés ont été remplacées par des conscrits peu et mal entrainés. En face, la PMC Wagner dispose d’équipements, de munitions (malgré l’épisode de « crise » de la semaine dernière), et surtout d’hommes endurcis et aguerris.

Bakhmut/Artiomovsk n’a pas d’importance stratégique particulière aux yeux du gouvernement ukrainien. Si c’était le cas, on aurait vu le déploiement de troupes considérées comme « d’élite », à savoir Azov et les mercenaires étrangers de la « Légion Etrangère Ukrainienne », et les combats de la périphérie de la ville auraient été autrement plus violents. Et force est de constater que si les combats ont été durs, ils n’ont pas été particulièrement violents, comme on avait pu le voir à Marioupol (les combats avaient alors opposé Azov et quelques régiments ukrainiens aux troupes tchétchènes, principalement).

La tronche des propagandistes, ce soir, valait le coup. Voilà des mois qu’ils expliquent que les russes attaquent par vagues suicidaires, qu’ils sont obligés de recruter dans les prisons pour remplacer leurs pertes effroyables, qu’ils n’ont aucun équipement et qu’ils volent les équipements électroménagers des civils pour réparer leurs équipements lourds. Toutes ces conneries, tout ce monceaux infâmes de déclarations idiotes et stupides, volent en éclat: la « minable petite milice du cuisinier de Poutine » est en train de conquérir seule ce que notre propagande nous présentait comme un bastion stratégique ukrainien.

La propagande est importante en temps de guerre, pour soutenir le moral de la population. Si celle-ci ne soutenait pas l’effort de guerre (ou en tout cas, si elle ne s’y oppose pas), il n’y aurait pas d’implication occidentale massive comme on voit en Ukraine. Tant que les médias présentent des nouvelles positives (comme la « reconquête » du nord de l’Ukraine, suite à l’évacuation sans combat des forces russes fin mars 2022, ou la « reconquête » de la zone au nord de la Dniepr dans la région de Zaporojie suite à l’évacuation des troupes russes, la aussi sans combat…), tant qu’on nous fait croire que l’Ukraine gagne sur le terrain, tout va bien. Quand en plus on nous fait croire que des « armes miracles » comme les Leopard 2 ou les M1 Abrams arrivent sur place, comment ne pas croire en la victoire prochaine de l’Ukraine?

Sauf que tout ça, ça s’apparente énormément à la propagande de la fin du régime hitlérien, avec ses Wunderwaffen (« armes miracles ») promises par le régime et qui ne sont jamais arrivées. Or, si on pourrait comprendre parfaitement le fait si elle provenait du gouvernement ukrainien lui-même, là on comprend mal l’affaire parce que justement, tout provient des services médiatiques occidentaux, qui ne sont toujours pas (officiellement) partie au conflit.

Nos gouvernants savent que ce conflit, qui n’aurait jamais été déclenché si ils n’avaient pas poussé Zelenski à se croire tout puissant, est dans une impasse totale. La guerre ne dure que parce que les russes retiennent leurs forces, pour ne pas se retrouver piégés dans un pays dont ils ne veulent pas (ce qu’ils voulaient, c’était un Etat tampon démilitarisé, dont l’économie aurait été tournée vers la Russie, mais avec des partenariats vers l’Occident… une vision certes impérialiste, mais calquée sur Cuba).

Les russes comme les occidentaux se dirigent vers un « pat » en Ukraine, parce que personne ne peut véritablement gagner: militairement, les russes peuvent écraser l’Ukraine, mais ils perdront politiquement, alors que les occidentaux sont en train de sacrifier l’économie européenne pour rechercher une victoire militaire impossible.

Personne n’a pensé à demander leur avis aux ukrainiens eux-mêmes, depuis le coup d’état de 2014. Du moins, personne ne l’a voulu, parce que la réponse aurait déplu: les Ukrainiens veulent (voulaient) être indépendants, et être un pont entre l’Europe et la Russie, profitant des deux « mondes » en les rapprochant.

Le coup d’état de 2014, orchestré par les services de renseignement britanniques et américains, a détruit ces belles illusions. Avec, pour résultat aujourd’hui, 8 millions de réfugiés ukrainiens à l’étranger, 5 millions de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine, 250 000 morts, et un pays qui n’a plus aucun avenir politique ni économique.

C’est à tous ces gens que je pense quand je vois la mine déconfite des propagandistes qui font tout pour « vendre » la guerre aux masses occidentales, comme si c’était un jeu. Et, vraiment, j’espère qu’ils paieront pour tous ces mensonges et tous ces malheurs auxquels ils contribuent inlassablement, année après année.

Ukraine: un an de guerre

Cette image est datée du 24 février 2022, à 4h03. Elle est la première trace enregistrée du conflit opposant la Russie au bloc OTAN/Ukraine, et montre un soldat ukrainien du poste frontière « Kalanchak », dans la région de Kherson (juste au nord de la Crimée), qui vient de repérer un convoi militaire russe foncer vers la frontière.

Ce matin là, comme beaucoup, je me suis réveillé un peu assommé par la nouvelle et l’inquiétude. Quelques semaines plus tôt, j’écrivais que la Russie n’envahirait pas l’Ukraine, qui menait comme chaque année son cirque pour obtenir du gaz de la part de la Russie et de l’argent de la part des occidentaux, profitant des exercices militaires annuels conjoints entre la Russie et la Biélorussie pour faire croire à une invasion prochaine. J’étais convaincu qu’il n’y aurait pas de conflit armé, parce que ce n’était dans l’intérêt (économique) de personne. Les choses se sont infléchies au cours du mois de février, et surtout lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich, à laquelle, pour la première fois, la Russie ne participait pas. Lorsque le 19 février 2022, dans son discours, Zelensky a annoncé son intention de renoncer au Memorandum de Budapest, par lequel l’Ukraine s’était engagée à renoncer à l’arme nucléaire à la suite de l’effondrement de l’URSS, j’ai compris que ça ne passerait pas pour les russes. Je pensais aussi que ça ne passerait pas vraiment pour les occidentaux, mais personne n’a moufté. Une Ukraine dotée de l’arme nucléaire, avec une partie de son gouvernement imposant des mesures anti-russes (et anti-roumains, anti-polonais et anti-hongrois), clamant régulièrement sa haine des russes et des populations refusant la situation politique issue du coup d’Etat de Maïdan en 2014, était clairement une ligne rouge absolue pour la Russie. Le conflit militaire était inévitable, mais je n’envisageais pas qu’il puisse survenir moins d’une semaine après.

La suite, vous la connaissez. Une Ukraine prise dans une tenaille stratégique comme on n’en avait plus vue depuis la seconde guerre mondiale, mais pourtant figée pendant de longues semaines sans explication. Les autorités militaires et le gouvernement russe avaient simplement fait un pari mal calculé: ils pensaient que l’armée ukrainienne en profiterait pour mener son propre coup d’Etat et renverser Zelensky. C’était très mal calculé, puisque l’armée avait été purgée de tous ses éléments jugés pro-russes après l’annexion de la Crimée en 2014. Le coup d’Etat ne venant pas, c’est finalement le retrait de toutes les troupes au nord de l’Ukraine, entre le 30 et le 31 mars 2022. L’offensive a repris au sud, dans l’objectif de libérer les deux républiques du Donbass, en maintenant la pression militaire sur la région de Karkhov. Puis, sans explication ni réel impératif stratégique, les troupes russes évacuent totalement la région de Karkhov à la suite d’une percée modeste menée par des mercenaires étrangers et deux régiments ukrainiens, début septembre, quelques jours avant les très controversés referendums dans les 4 provinces ukrainiennes occupées, qui « décideront » de leur rattachement à la Russie (à l’époque, je vous avais exposé pourquoi ces referendums n’étaient pas souhaitables ni valables juridiquement parlant).

Et depuis, plus rien. On nous annonce des opérations militaires d’envergure des deux côtés de la ligne de front, qui n’arrivent jamais. Si la PMC Wagner grignote du territoire ukrainien régulièrement, elle est bien la seule faction militaire à réellement combattre du côté russe. Côté ukrainien, la mobilisation n’en finit plus de rabaisser ses standards (des jeunes de 16 ans peuvent servir dans l’armée à des positions non combattantes, des jeunes de 17 ans peuvent intégrer des unités combattantes si le calendrier de déploiement de celles-ci fait qu’ils auront 18 ans au moment d’aller sur le front), voire recourt à la mobilisation forcée d’hommes en pleine rue. Et toujours, cette boucherie qui n’en finit plus dans les tranchées ukrainiennes, où les soldats ukrainiens subissent tous les jours des bombardements d’artillerie intenses et meurtriers.

Nos gouvernements promettent cyniquement des équipements pour une Ukraine qui n’a de toute façon pas les moyens humains de les employer, ni les moyens matériels de les entretenir. « Il ne faut pas que la Russie gagne ». Gagner quoi? Des territoires? Ils étaient pro-russes avant même que n’éclate le coup d’Etat en 2014. Des avantages économiques? Là dessus, l’Europe est exsangue et démolie alors que la Russie dispose de tout ce qu’il lui faut pour ne pas devenir un autre Iran ou une autre Corée du Nord. Et elle étend son influence en Afrique au détriment d’une Europe qui n’a cessé d’y piétiner les peuples sous le mépris, en y entretenant des réseaux de pouvoirs corrompus et à la solde de l’Occident.

Il n’y a rien à gagner pour la Russie, à part laisser l’Europe continuer de s’embourber dans ses contradictions et ses crises politico-économiques jusqu’à ce qu’elle implose comme l’URSS. Nous n’en sommes pas loin: l’euro menace de se dévaluer très fortement par rapport aux autres monnaies, la balance commerciale est catastrophique, le secteur bancaire n’en finit plus de sortir de la crise et est en train de plonger dans une catastrophe totale parce que rien n’a changé depuis 2007, l’énergie est une catastrophe en devenir qui va éclater l’hiver prochain, le secteur agricole va sérieusement souffrir à partir de cette année du fait des manques d’eau (sécheresses s’aggravant d’année en année, parce qu’on est dans ce cycle climatique actuellement), mais aussi du fait de l’embargo sur les engrais russes. Pendant ce temps-là, la Russie a déjà réaligné ses propres exportations vers l’Asie et devrait renouer avec la croissance dès ce trimestre, après une année 2022 en demi-teinte suite à l’embargo sur les produits pétroliers et gaziers décrété par certains pays européens.

Alors jusqu’à quand allons-nous jouer ce jeu stupide, et jusqu’à quand allons-nous laisser les civils ukrainiens être massacrés parce que leur propre gouvernement corrompu les envoie à l’abattoir?

Les mouvements occidentaux sur le grand échiquier mondial, visant à encercler et isoler la Russie, ont clairement échoué en Ukraine, et c’est désormais l’Europe qui se voit menacée de l’intérieur. N’importe qui de sensé aurait arrêté les frais immédiatement après le retrait russe du nord de l’Ukraine fin mars 2022, et aurait tenté une véritable approche diplomatique pour au moins figer le conflit.

A moins que le vrai enjeu de ce conflit-là ne soit pas l’Ukraine, mais bien l’avenir de l’Europe. Pas l’UE, déjà condamnée à moyen terme, comme le montrent ses dirigeants plus occupés à taper dans la caisse pour prévoir leur retraite dorée en Amérique. L’Europe.

C’est aujourd’hui que se décide notre avenir, en tant que civilisation. Nous sommes assiégés partout, et l’ennemi est déjà dans nos murs. Poutine a raison lorsqu’il parle de valeurs occidentales « sataniques »: ce qui se passe chez nous depuis vingt ans est la négation totale de la nature humaine et de ses valeurs.

Les Lumières se sont transformées en un culte de la Mort (avortement, avortement tardif, suicide assisté, euthanasie…), de la Débauche (apologie de la sexualité omniprésente, défense de plus en plus ouverte des paraphilies que sont la zoophilie et la pédophilie, célébration grandiloquente de la perversité dans tous les pans de la « culture »…), de la drogue (cannabis, cocaïne, MDMA, méthamphétamines, mais aussi médicaments, vaccins et autres produits expérimentaux testés à grande échelle sur des populations non informées voire désinformées…), et de tout de qui détruit à petits feux ce qui constitue cette « âme » qui a fait de nos civilisations européennes ce que l’Humanité avait de plus beau et de plus grandiose.

Refusons de sombrer. Ça commence dans nos vies de tous les jours. Ça commence par de petits gestes au quotidien, comme couper la boite à propagande par la peur, par le refus de participer à cette société qui fonce vers le gouffre en chantant, et par la recherche de l’autonomie de vie et de conscience. Ça commence par la nécessité de reconnecter son âme avec la beauté des petites choses, et des grandes choses. Redécouvrir la beauté du Sacré, au sens large, pas uniquement religieux.

L’Humanité n’est pas un virus. Vous n’êtes pas un virus qui rend la planète malade. Et vous n’êtes pas impuissants face à la marche du monde: vous décidez pour vos propres vies, et vous bâtissez l’avenir de vos enfants. Soyez intransigeants avec vos valeurs, et tant pis si ça choque ceux qui font semblant de se conformer à ce qu’ils croient être la norme. Là où quelqu’un tient debout, les autres finissent par se relever.

Les chars en Ukraine: une belle blague qui va surtout profiter aux intermédiaires.

Les USA ont tout fait pour amener l’Allemagne à accepter la livraison de chars Leopard 2 polonais à l’Ukraine. Ces chars sont des Leopard 2A4, livrés au début des années 2000, il ne s’agit pas de la version modernisée au standard Leopard 2PL.

Le Leopard 2 est un char de combat principal (Main Battle Tank, MBT) développé en Allemagne dans les années 1970, sur les ruines encore brûlantes d’un projet de char conjoint entre l’Allemagne de l’Ouest et la France (déjà…). La version A4 est donc la 4e mise à niveau de ce char déjà ancien, équivalent des chars T-72 soviétiques, et a été introduite en… 1985. Ces chars livrés en Ukraine ne seront pas mis à niveau.

Autant dire que c’est un char totalement dépassé face aux T-72B3 et B3M (mises à niveau de 2010 et 2016) qui équipent actuellement massivement l’armée russe. Je ne parle même pas des chars T-80BVM (2017) et T-90M, ni du T-14 Armata.

Le Leopard 2A4 est « célèbre » pour avoir été le premier char occidental a être détruit par des armements d’origine soviétique en Syrie: les jihadistes du Califat en ont détruit ou endommagé 3 sous bannière turque. Ils en ont aussi capturé 2 autres. Les turcs ne sont pas spécialement plus cons que les ukrainiens, donc on peut s’attendre à quelques scènes du même genre du côté de Donetsk…

Côté anglais, avec les chars Challenger, ce n’est guère plus brillant. Si sur le papier le char est plus récent (1994), ce n’est qu’un recyclage du Challenger 1 avec une nouvelle tourelle. Il n’a jamais été modernisé depuis son entrée en service actif, et sa disponibilité au sein des forces armées anglaises n’est pas glorieuse: c’est une machine complexe qui requiert de l’entretien régulier, du fait de ses 66 tonnes qui pèsent littéralement très lourd sur sa suspension et son arbre de transmission. Le même problème touche le Leopard 2A4, qui pèse à peu près autant.

En fait, sur les quelques 500 chars entrés en service en 1994, seuls 56 sont actuellement en service actif effectif outre-manche…

Côté américain enfin, là je crois qu’on a la palme. S’ils vont livrer 31 Abrams pour 400 millions de dollars (alors qu’ils sont, avec prix ajusté sur l’inflation, à 9 millions pièce… ben oui, c’est pas gratuit, « l’aide américaine »), il s’agira de la version M1A1, c’est à dire celle de 1985 (pour une conception de 1975). C’est, en gros, la version qui a servi pendant la Guerre du Golfe de 1991. Il est plus léger que les deux précédents, donc sensément moins exposé au problème d’embourbage dans la célèbre raspoutitsa ukrainienne (la boue lourde et collante qui a engloutit tant et tant de soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale), mais son moteur est trop faiblard par rapport à son poids, et surtout ce char n’est absolument pas fait pour combattre en milieu froid. En gros, il ne sera « utile » qu’en été, vu qu’il sera neutralisé par la boue en automne et au printemps, et par le froid en hiver. Wa.Ouh.

Mais tout le monde n’est pas perdant. Si il y a autant d’insistance à liquider les stocks d’armements européens dans ce gouffre qu’est devenue l’Ukraine, c’est parce que chacun y trouve son compte sur le plan financier. Le gouvernement ukrainien, déjà, qui perçoit son écot sur chaque livraison. Zelenski vient justement d’éliminer 9 membres du gouvernement qui étaient devenus trop gourmands, pour « corruption ». Détail hilarant quand on sait que sa fortune estimée a été multipliée par 100 depuis un an, pour s’établir à plus de 3 milliards de dollars, majoritairement détenus dans les paradis fiscaux (son nom est partout dans les Pandora Papers…).

Les envoyeurs ne sont pas en reste, puisque l’argent perçu revient en partie à l’envoyeur sous forme de rétrocommission. C’est notamment ce mécanisme qui est à l’origine de l’attentat contre un bus d’ingénieurs français à Karachi au Pakistan en 2002 (14 morts): des rétrocommissions avaient tardé à être payées à des responsables pakistanais (elles avaient servi à payer la campagne électorale de Balladur en 1995, comme il a perdu il n’a jamais pu rembourser comme promis).

On se souvient du président Sarkozy qui était si volontaire pour exporter les armements français, on se souvient encore plus de Hollande qui a été le meilleur VRP pour Dassaut que l’Histoire ait connu: tous les deux ont encaissé énormément d’argent sur des comptes offshore en rétrocommissions; Macron encaisse tout autant depuis 2017, il n’y a pas de raison.

Et tout ce petit monde est connecté par des intermédiaires, présentés comme des « hommes d’affaires », à l’image de Ziad Takieddine dont le nom ressort dans tous les scandales politico-financiers des années 1990-2000, remplacé dans la macronie par Alexandre Benalla, reconverti dans les « affaires internationales » depuis fin 2018…

Il y a des milliards en jeu, et la guerre en Ukraine, ils s’en foutent, en réalité. Ce qui les intéresse, c’est les transactions qu’elle permet. Tant que ça durera, tant qu’il y aura des ukrainiens à envoyer se faire massacrer sous l’artillerie russe, tout ce bordel continuera. Personne n’en a rien a branler de l’Ukraine: ce qu’ils veulent, c’est les billets que leur petit business leur rapporte en quantités astronomiques.

C’est pour ça, il n’y a aucune illusion à se faire: il y aura des Leclercs en Ukraine, et pourquoi pas, des Rafales (les avions de combat, c’est la prochaine étape)…

Les prémices de la conquête spatiale et l’arme nucléaire…

Le premier objet créé par l’Homme à avoir atteint l’espace n’est pas Sputnik, et l’objet fabriqué par l’Homme le plus rapide n’est pas Voyager, mais… une plaque d’égout.

En 1957, une série d’essais atomiques souterrains baptisée Operation Plumbbob a lieu au Nevada. La série d’essais consiste à creuser un tunnel vertical dans le sol, long de plusieurs dizaines de mètres, et d’y déposer une bombe atomique pour en mesurer les effets. Evidemment, on ferme le trou avec un bouchon en bas de l’excavation, juste au dessus de la bombe, et on ferme en surface avec une plaque similaire à celle de nos plaques d’égouts (pour éviter de tomber dedans, pas pour « retenir » l’explosion). L’objectif est surtout d’essayer de limiter les retombées nucléaires dans l’environnement. La plaque en acier, que je vais baptiser AstroBoy, est épaisse de 10 cm et large d’environ 1 mètre, pesant plusieurs centaines de kilos et se trouve 150 mètres au dessus.

En bas du tunnel vertical, se trouve Pascal-B, une bombe atomique d’une puissance de 0.3 kilotonnes de TNT, avec juste au dessus, un « bouchon » en béton contenant des appareils de mesure, qui sont évidemment sacrifiés dans l’expérience.

Les responsables savent très bien ce qui va se passer, mais la question est de savoir dans quelle proportion. Ils font donc placer des caméras à prise de vue rapide pour surveiller le haut du trou, où se trouve Astroboy. Puis vient le moment de la détonation.

Le 27 août 1957, à 22h35 GMT, AstroBoy est soufflée dans les airs. La caméra à prise de vue rapide, malgré sa vitesse, n’enregistre la plaque que sur une seule image. D’après les estimations et les calculs du responsable de l’essai, Robert Brownlee, la vitesse atteinte par AstroBoy est de l’ordre de 6 fois la vitesse de libération, qui est de 11,5 kilomètres par seconde environ. C’est à dire qu’elle s’est envolée à la vitesse de 65~70km/s.

Ce qui représente une vitesse de… 234 000km/h. (Voyager 1 va à 61 500 km/h)

Beaucoup de rabat-joie estiment que AstroBoy n’aurait pas pu résister la traversée des couches denses de l’atmosphère, qui sont situées entre le sol et une trentaine de kilomètres d’altitude, en expliquant que les objets hypersoniques se désagrègent à cause des frottements de l’air. Mais ils oublient de préciser que AstroBoy n’y a été soumise que moins d’une demi seconde, une durée de temps largement insuffisante pour observer la désagrégation hypersonique sur un objet de cette masse.

Selon toute vraisemblance, AstroBoy a donc rejoint les étoiles à la vitesse intersidérale de 234 000km/h.

YEET.

La grande arnaque de la Science: les grandes annonces cachent toujours quelque chose.

Le principe de fonctionnement d’un laser mégajoule, piqué chez Enerzine.

Vous n’avez pas pu échapper à l’annonce grandiloquente du NIF américain sur sa « formidable percée » dans le domaine de la fusion. D’après eux, ils ont réalisé la première fusion dont le bilan énergétique est positif, employant des lasers générant 2 mégajoules d’énergie (2 000 000 de joules, une balle de .357 Magnum c’est 800 joules en sortie de canon, pour vous donner une idée) pour compresser une bille de gaz et générer 3 mégajoules d’énergie.

Alors outre le fait que ces 3 mégajoules d’énergie ne veulent rien dire en soi, puisqu’il faut encore derrière récupérer cette énergie ET la convertir en électricité (ce qui entraine automatiquement des pertes énormes), le NIF s’est bien gardé de parler de l’autre bout de la chaine: comment ont-ils généré ces lasers?

Là, mes amis, on frôle le scam pur et simple. Générer un laser est extrêmement énergivore, et les lasers de type « mégajoule » sont parmi les pires. Pour générer 2 mégajoules d’énergie laser, le NIF en a consommé… 322. ( https://www.nature.com/articles/d41586-022-04440-7 ) On est sur un rendement de l’ordre de 0.006%. Avec l’ajustement de la réaction de fusion qui a été générée (3 mégajoules), on passe à 0.009%.

Pour vous donner une idée, un simple générateur diesel a un rendement énergétique de l’ordre de ~40%, un réacteur nucléaire est à ~33%.

Cela fait maintenant une cinquantaine d’années qu’il n’y a plus de grande percée technologique dans le domaine énergétique, et il y a une bonne raison à cela: les « technologies futures » ont besoin d’une mobilisation sociétale complète, à l’image de ce qu’avait eu besoin le charbon au 19e siècle, le pétrole au début 20e et le nucléaire dans les années 1950. On parle de centaines de milliards d’euros d’investissement nécessaires, ce qu’aucune entreprise privée ne pourra jamais développer à elle seule.

Depuis les années 1970, les Etats se sont totalement désengagés de la recherche industrielle et technologique, au nom du libéralisme, du commerce international, de la libre concurrence, et de tout un tas de conneries de ce genre. Résultat, les grandes infrastructures (rail, réseau électrique, centrales, réseaux routiers même) qui tiennent l’économie et l’industrie de nos pays sont désormais délaissées, et ce sans qu’il n’y ait de grands investissements dans la recherche future. Et ça ne va pas s’arranger, parce que le libéralisme se double désormais d’un écologisme ultra destructeur.

Seul rescapé de tous les projets énergétiques « futuristes » de la grande époque, encore que ce soit sous la forme d’une collaboration internationale rassemblant 35 pays, le réacteur à fusion nucléaire ITER est issu d’une technologie connue depuis les années 1950, qui a été à peu près totalement mise dans les cartons à l’époque en raison des technologies qu’il impliquait et qui n’étaient pas du tout matures, et ne le seraient pas avant plusieurs décennies. La recherche a continué dans des petits laboratoires, avec des très petits réacteurs dont on savait très bien qu’ils ne déboucheraient sur rien, faute d’avoir la bonne échelle. Les crédits de recherche étaient de toute façon mobilisés par la technologie des réacteurs à fission qui étaient encore balbutiants. On a perdu environ 30 ans sur ITER, et on sait déjà qu’au mieux, ce réacteur expérimental ne débouchera sur une application industrielle que vers 2050 (il devrait démarrer en 2025, normalement).

Alors dans tout ça, pourquoi en faire des caisses au moindre truc complètement banal et sans intérêt?

Il y a deux raisons convergentes: d’une part, ça permet à ces entreprises de mobiliser l’attention médiatique et donc l’attention de personnes et d’institutions qui ne savent pas quoi faire de leur fric, et donc d’attirer des financements. En l’absence d’investissements publics, on dira que c’est de bonne guerre et que c’est même probablement vital pour la Recherche.

D’autre part, c’est simplement du « panem et circenses » pour geeks: on leur fait croire que la « Science » est toute puissante et avance à grands pas vers un avenir radieux et transhumaniste où tous les problèmes du monde vont être résolus par des mecs en blouses blanches. Et comme la Science moderne est amorale (voire largement immorale), on détourne les masses dans un sens général d’adhésion à certaines idéologies totalitaires sont en train de naître.

Et tiens, d’ailleurs, qui se rappelle des technologies d’il y a dix ans, qui devaient solutionner la médecine, avec les méthodes d’édition génétique (Crispr…), les prothèses bioniques, ou les cellules souches et l’impression 3D d’organes à partir de l’ADN du malade? Ces technologies qui devaient être notre quotidien aujourd’hui ont totalement disparu de la surface de la Terre alors qu’elles faisaient les grandes « unes » de tous les journaux.

La réalité, c’est qu’il n’y a pas de miracles scientifiques: le prix à payer est toujours exorbitant, qu’il soit sur le plan moral ou le plan physique. La « Science » ne sauvera pas notre monde, ni notre Humanité, parce que personne n’est réellement sérieux dans la volonté de solutionner des problèmes que nos sociétés s’imposent d’elles-mêmes sans aucune raison valable.

Création artistique: pourquoi le wokisme est insupportable à tous les niveaux

Parodie de documentaire sur les « ours polaires » estampillée Netflix

C’est devenu un meme récurrent: lorsqu’un projet de biographie cinématographique d’une personnalité occidentale est évoquée, il est devenu systématique de remplacer la personne par un acteur ou une actrice noire.

Ce meme parodique trouve ses origines dans la désormais bien connue entreprise Netflix, qui n’a eu de cesse depuis ses débuts que de produire des fictions de mauvaise qualité dont l’unique trait particulier est de donner le premier rôle à une actrice blanche, et de la faire terminer à la fin dans les bras de l’acteur noir. S’y sont ajoutées avec le temps la systématisation de la présence d’acteurs et d’actrices ou de personnages LGBT. C’en est au point qu’il semble qu’il n’y ait plus aucune relation hétérosexuelle mono-ethnique dans ces fictions.

Il n’y a pas que Netflix qui est abonnée à cette substitution de personnages « blancs » par des acteurs noirs: Marvel est spécialiste de la chose également. Ici, le personnage de la mythologie nordique Hemdall, joué par Idriss Elba dans la série de films de la franchise « Thor ».

En soi, la chose est risible, mais fait partie de la création artistique idéologique, au même titre que les grandes épopées héroïques ou les films de super-héros mettant en avant certaines valeurs. Les gens de droite ont leur propagande (de moins en moins tout de même), les gens de gauche ont aussi la leur. Ça fait partie du jeu.

Ce jeu, pourtant, est malsain lorsqu’il consiste à imposer un acteur ou une actrice clairement non représentatif des figures historiques ou mythologiques qu’il ou elle est sensé incarner. Or, force est de constater que c’est devenu la norme dans toutes les grandes productions culturelles de ces dernières années, particulièrement dans le monde anglo-saxon. Les polémiques se succèdent, mais comme les productions restent rentables, le phénomène perdure.

Rings of Power (Amazon), ou le black-washing d’une franchise… Ici, un elfe… noir? Il n’existe aucun elfe noir chez Tolkien, tout simplement parce que les elfes ne « bronzent » pas: ils ne sont pas humains. De plus, dans l’imaginaire fantastique issu de la franchise Donjons et Dragons, les elfes noirs sont des créatures humanoïdes vivant sous la terre, extrêmement cruels et violents. Il est totalement absurde, à double titre, d’imposer des acteurs noirs pour représenter des elfes de la Terre du Milieu…

Un exemple parmi d’innombrables autres, la polémique sur la super-production d’Amazon, basée sur l’univers du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien a embrasé les débats ces derniers mois. La raison? Le choix de la production d’imposer des acteurs qualifiés de « minorités ethniques » pour des rôles où ils ne sont traditionnellement pas adaptés, plutôt que d’explorer les terres du milieu pour permettre de développer d’autres royaumes où ces acteurs auraient été tout à fait représentatifs. Le choix d’introduire de la « diversité » en l’imposant dans des peuples elfes et nains où justement la diversité n’a rien à faire est critiquable, et largement critiqué. L’univers créé par J.R.R. Tolkien est suffisamment riche pour utiliser des peuples non typés « occidental ». Le Harad est une terre divisée en deux aires géographiques, où on trouve des peuples typés « Maghreb/Arabie » et des peuples typés « Afrique ».

La reine naine Disa, création pour la série Rings of Power, est scandaleuse à double titre: les nains ne sont pas noirs, et surtout, leurs femmes sont pourvues d’une barbe!

Le Nazgûl Sûladan est précisément issu de du peuple typé « Maghreb/Arabie », ce qui aurait pu être intégré dans le scénario sans aucun problème, puisque celui-ci couvre précisément la corruption des rois nains, elfes et humains par Sauron, et les rois humains deviennent justement par la suite les Nazgûls. L’adaptation choisie par Amazon, qui a écarté volontairement les textes et fragments laissés par Tolkien pour « produire quelque chose de nouveau » est déjà problématique vis-à-vis du respect de l’œuvre, mais elle devient scandaleuse quand elle est orientée politiquement dans le sens d’un wokisme aveugle.

Mais que leur est-il passé par la tête? Angrboda est un monstre, une géante de glace, et non une jolie jeune femme africaine tout droite sortie de la savane!

Il n’y a même pas besoin de parler des remplacements « abrupts » et injustifiables, comme on peut en voir dans le jeu vidéo God of War: Ragnarok, dont l’intrigue se déroule dans l’univers mythologique nordique, et où Angrboda, « celle qui annonce le malheur », est carrément incarnée par une personnage africaine avec des dreadlocks! Ou encore dans le futur film « live » produit par Disney, et reprenant l’histoire d’Ariel, une sirène originellement rousse et à la peau blanche, mais où elle sera jouée par une actrice noire, qui se retrouve à essuyer les pots cassés pour une production woke alors qu’elle n’y est pour rien.

Au fond, qu’est-ce que cela veut dire de remplacer des acteurs blancs par des acteurs noirs, en sachant pertinemment que cela va faire polémique? Cette volonté de provoquer la « majorité blanche » pour l’accuser ensuite de racisme a en réalité pour effet d’instrumentaliser des personnes ayant une couleur de peau différente et de les placer en première ligne malgré eux pour promouvoir le wokisme. Plutôt que de les mettre à l’honneur en parlant de leurs « origines », les producteurs et scénaristes wokes les forcent à tenir des rôles issus d’un fond culturel qui n’est pas le leur, voire qui leur a été imposé souvent par la contrainte et la violence au cours d’épisodes colonialistes.

Kirikou, un succès inattendu

C’est là leur nier leur spécificité et leur histoire, leur identité propre, comme si les acteurs et actrices noirs n’avaient pas d’histoire, pas de culture, pas d’existence propre dès lors qu’ils ne seraient pas dans une société blanche. C’est, pourtant, loin d’être le cas, car les mythologies africaines sont extrêmement diverses et riches, de même que l’histoire des différents peuples africains. Le succès de Kirikou il y a quelques années démontre largement que ce fond culturel intéresse, et pas uniquement les personnes d’origine africaine. Même sans aller jusqu’à mettre en scène ces mythologies et histoires de façon ultra détaillée, il est largement possible de s’en inspirer pour produire des œuvres d’une grande qualité.

L’une des 450 cartes qui composaient le bloc Mirage+Vision, qui montrait un imaginaire africanisant riche et d’une réelle beauté.

Il y a 26 ans, l’entreprise de divertissement Wizards of the Coast qui produit (entre autres) le jeu de carte à jouer et collectionner « Magic: the Gathering », avait pérennisé ses débuts en exploitant diverses mythologies et thématiques pour ses extensions. L’une d’elles, probablement la plus réussie de son époque, avait justement pour thématique l’Afrique. Mirage, puis son expansion Visions, nous menait ainsi à travers un univers africanisant extrêmement bien réussi, depuis les savanes de la Mtenda jusqu’aux jungles de l’Ekoundou, en passant par les atolls de la Koukemssa etc. L’imaginaire africanisant était particulièrement intéressant, et démontre encore aujourd’hui que quand un producteur de contenus culturels s’intéresse réellement à ce qu’il fait, il sait magnifier l’imaginaire au-delà de simplement une stupide histoire de couleur de peau.

Les véritables racistes ne sont pas ceux qui se révoltent contre le wokisme, mais bien les wokes eux-mêmes, car ce sont eux qui réduisent la personne, son histoire, sa culture, son identité, à une simple couleur de peau, et considère qu’on peut substituer blancs et noirs sans que cela ne change quoi que ce soit, comme si nous étions interchangeables car sans personnalité, sans particularité, sans histoire ni culture propre. C’est cette éradication des particularités qui est scandaleuse, car ce sont elles qui permettent la diversité, et non juste mettre deux acteurs de couleurs de peaux différentes dans une production.

Le wokisme est un racisme de la plus insupportable des espèces, et il est temps de le dénoncer pour ce qu’il est: une abomination qui ne peut que mener à des conflits sociaux et raciaux par réaction identitaire.

John McWorther mettait déjà en garde contre le racisme woke en 2021, dans un ouvrage encore non traduit en français. Une interview est néanmoins disponible sur le site de l’express.

La Société industrielle et son avenir, par Ted Kaczynski

Industrial Society and its Future, tiré de The Road to Revolution, éditions Xénia (2008)

Ted Kaczynski est à n’en pas douter une personnalité étrange et sulfureuse. Mieux connu sous le nom d’UNABOMBER que lui a attribué le FBI lors de sa traque qui a duré 18 ans, Kaczynski est actuellement enfermé dans une prison haute sécurité américaine, et est atteint d’un cancer en phase terminale au moment où j’écris ces lignes.

Né en 1942, il est très tôt reconnu pour ses talents de mathématicien. Il entre à Harvard à 16 ans puis obtient son doctorat de mathématiques à l’université du Michigan à 25 ans. Spécialisé dans l’analyse complexe des fonctions géométriques, il deviendra dès 1967 professeur adjoint à Berkeley, en Californie. Cette expérience semble le marquer profondément, comme nous le verrons plus loin.

En 1971, Kaczynski plaque tout et part vivre dans une cabane sans eau ni électricité, dans le Montana, sur un terrain forestier semi-montagneux qu’il a acquis. Sa vie publique ne reprendra qu’en 1996, lorsqu’il sera arrêté par le FBI pour avoir envoyé 16 colis piégés à diverses personnes à travers les Etats-Unis. La motivation de ces attentats était de lutter contre la destruction de l’environnement, contre des personnes représentant aux yeux de Kaczynski la société industrielle et ses méfaits. Parmi ses victimes, figurent un étudiant, des vendeurs d’ordinateurs, des professeurs d’université, un publicitaire, le représentant de l’association de sylviculture de Californie…

Kacynski est arrêté en 1996, après la parution de son essai intitulé « la société industrielle et son avenir » dans le New York Times et le Washington Post. Ses idées et ses thèses sont reconnues par sa belle-soeur et son frère, qui alertent le FBI. Il est condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine en 1998, et comme je le disais, est toujours enfermé à l’heure actuelle.

Ted Kaczynski lors de son arrestation, le 3 avril 1996

Au fil des ans, Kaczynski s’est transformé en célébrité voire en exemple dans certaines sphères de la société, en particulier chez les militants écologistes radicaux (en particulier l’éco-fascisme), ainsi que chez une certaine frange de la droite radicale, de façon assez marginale. Son essai, en particulier, est devenu une des références culturelle que l’on voit régulièrement passer dans certains memes, en particulier ses deux premières lignes: « la société industrielle et ses conséquences ont été une catastrophe pour la race humaine ».

Parce que justement cet essai est devenu central dans une certaine pensée idéologique, j’ai décidé de m’y intéresser et d’acquérir l’ouvrage intitulé « The Road to Revolution », publié aux éditions Xénia (Suisse) en 2008, qui rassemble les essais de Théodore Kaczynski et la version « définitive », revue et corrigée, de l’essai « La société industrielle et son avenir ».

La Société Industrielle et son avenir

Cet essai est sans aucun doute l’écrit le plus connu de Kaczynski, même si de l’aveu de son auteur, il n’a absolument rien d’original et est même très superficiel. L’objectif de cet essai n’était pas de poser un programme ni de présenter des idées nouvelles, mais de les faire découvrir à un grand public qui ne les aurait autrement jamais découvertes. Comme l’explique Kaczynski dans le post-script de son essai, il s’agit de donner accès à des idées que les livres de l’époque étaient trop complexes pour être intelligibles par le grand public. Notamment, les oeuvres de Jacques Ellul semblent avoir été sa principale source d’inspiration. Ellul était un professeur d’Histoire du Droit français, qui s’est spécialisé dans les formes de l’aliénation au sein de la société du 20e siècle. Auteur de plus de 50 ouvrages au long de sa carrière, sa pensée est diverse et rend son oeuvre difficilement classable, même si certaines thématiques ressortent régulièrement. Spécialiste du marxisme, dont il a tenu un cours à l’université de Bordeaux pendant une trentaine d’années, Ellul a également tenu de très vives critiques contre la société industrielle aux USA, et en particulier contre ses effets psychologiques sur les ouvriers des grandes usines de production. Ellul a également été l’un des premiers militants pour l’environnement, avant que le mouvement écologiste se transforme en parti politique.

Jacques Ellul dans son bureau de travail, date inconnue

La proximité de pensée entre Kaczynski et Ellul n’est donc pas étonnante, puisqu’elle dérive d’un même postulat: la société industrielle a été une catastrophe pour l’espèce humaine. Kaczynski n’a fait que rendre les idées d’Ellul intelligibles pour le peuple américain.

La forme de son essai n’étonnera pas les habitués des lectures mathématiques: divisé en 232 points, La Société Industrielle et son Avenir (ISAIF, pour « Industrial Society and its Future ») est un essai structuré et relativement concis, rédigé dans un langage simple et accessible, sans jargon scientifique ni idéologique.

Son contenu, en revanche, peut surprendre ceux qui imaginent avoir affaire à un essai environnementaliste, car loin de se focaliser sur ces points, cet essai se veut avant tout une critique très sévère contre le système politico-médiatique qui asservit l’être humain (et, certes, a des conséquences sur l’environnement).

La cible principale de Kacynski présente ainsi deux visages: d’une part, la technologie, dont l’usage et le développement n’a eu de cesse de réduire les libertés humaines à ses yeux, et d’autre part, le gauchisme, qui consitue selon lui une sclérose de la pensée et éteint toute indépendance d’esprit. La conjugaison de ces deux phénomènes entrainera pour Kaczynski une catastrophe d’ampleur pour l’Humanité.

Le gauchisme selon Kacynski

Abordé dès la première partie d’ISAIF, à partir du paragraphe 6, le gauchisme représente pour Kaczynski tout ce que la société industrielle a produit de mauvais, en broyant les êtres humains pour les réduire à l’état de gauchistes, c’est à dire de personnes faibles et vulnérables dont le nombre permet de détourner le système démocratique en leur faveur, du moins en apparence. Le gauchiste est défini comme « toute personne souffrant d’un sentiment d’infériorité », c’est à dire ayant une faible estime de soi, une impression d’impuissance face aux événements, des tendances à la dépression, à l’auto-culpabilisation, au défaitisme, à la haine de soi, etc., de façon plus ou moins réprimée.

Kaczynski explique que ce genre d’individus se retrouve principalement chez les militants des droits humains et des minorités raciales et/ou sexuelles, ainsi que chez les militants des droits des animaux. Pour une raison simple: ces causes où l’on défend les « faibles » sont extrêmement gratifiantes pour l’égo car dans nos sociétés démocratiques et égalitaristes, elles sont facilitées par l’absence d’enjeu réel et d’opposition crédible. Kaczynski explique que ces « luttes » n’auront jamais de fin, parce qu’elles sont nécessaires aux gauchistes pour obtenir le sentiment de puissance dont ils se sentent privés dans leur vie quotidienne. Quels que soient leurs résultats, ils ne seront jamais suffisants, et il y aura toujours de nouvelles revendications allant encore plus loin que les précédentes, quitte à revendiquer l’inacceptable. Sans ces « luttes », le gauchiste ne peut pas exister (et inversement). Notons que le gauchisme ne consiste pas en un alignement politique avec des partis socialistes ou marxistes, même si ces partis tendent à occuper ces domaines.

Manifestation pro-LGBT, USA, juin 2020

Sur ce point, Kaczynski semble avoir particulièrement été influencé par sa brève carrière universitaire à Berkeley, en Californie. Au moment où il est étudiant puis devient professeur, se déroulent en effet les protestations en faveur du mouvement des droits civiques, qui déboucheront sur l’abolition des lois ségrégationnistes en 1968 dans tous les Etats Unis. L’influence du « gauchisme » dans les universités américaines, en particulier en Californie, est à l’époque particulièrement importante, et n’a eu d’ailleurs de cesse de se renforcer jusqu’à nos jours. A ce titre, on ne peut que reconnaître que Kaczynski avait raison et dans une certaine mesure prédit l’avènement du « wokisme », apparu dès le début des années 2000 justement en Californie (ISAIF a été rédigé en 1995), sous la forme d’une radicalisation et d’une polarisation extrême des revendications sur les droits des minorités en particulier sexuelles, à travers le mouvement LGBT.

Le wokisme démontre que l’affirmation selon laquelle « quels que soient leurs résultats, ils ne seront jamais suffisants aux yeux des gauchistes » formulée par Kaczynski est pertinente. Tout ce qui a été écrit sur l’université Evergreen, ou sur les dérives idéologiques voire sectaires de Science Po Paris, trouvait déjà son explication chez Kaczynski. Mais pour lui, justement, le gauchisme n’est pas la vraie racine du mal, car il n’est que la conséquence de la révolution industrielle du 19e siècle, et ne pourra que s’aggraver à mesure que le temps passe et que la technologie prend le contrôle de nos vies.

La technologie comme racine de tous les maux

A partir du paragraphe 121, Kaczynski s’attaque frontalement au problème de la technologie. Après avoir expliqué dans les paragraphes précédents que la liberté ne pouvait plus s’obtenir par de simples réformes politiques, Kaczynski s’emploie à démontrer que la raison pour laquelle les réformes ne peuvent plus fonctionner est liée aux progrès technologiques.

Pour lui, le Progrès n’a eu pour conséquences que de rendre l’être humain esclave de la société, en le réduisant à l’état de simple rouage dans la machinerie du système, et en le privant de plus en plus de toute influence et capacité de décision. S’il vise évidemment l’influence des médias qui, à travers le papier, les ondes radiophoniques et la télévision façonnent les esprits et les anesthésient en quelques sortes face à l’horreur de leurs vies ultra-socialisées (on ne peut s’empêcher ici de penser aux travaux de John Calhoun sur les populations de rats, en particulier la fameuse « Mouse Utopia »), la cible de Kaczynski n’est cependant pas seulement les médias, mais l’ensemble de la technologie moderne: téléphone, voiture, électroménager, ordinateurs, bref, toute la technologie industrielle et post-industrielle.

C’est ici, je dois dire, que le message de Kaczynski se brouille un peu. On comprend évidemment que son existence dans une simple cabane au fond des bois a constitué pour lui le modèle de société qu’il désire pour l’ensemble de l’Humanité, en postulant que ce n’est qu’ainsi qu’elle pourrait se libérer et se réaliser. En fait, cette partie est plutôt brouillonne car Kaczynski accepte sans l’expliquer les thèses anarcho-primitivistes. En somme, il s’agit d’une redite de Rousseau, pour qui le « sauvage », le « primitif », n’ayant pas été corrompu par la Société, est donc fondamentalement « bon ». Et c’est là l’une des énormes failles de cet essai, car évidemment, ce n’est pas le cas. Kaczynski lui-même rédigera par la suite une critique de cette pensée, dans l’essai « La vérité à propos de la vie primitive: une critique de l’anarcho-primitivisme ». Mais pour des raisons de simplicité et d’accessibilité, ISAIF ne discute pas cette théorie, et l’accepte pleinement.

Résoudre les problèmes de la Société Industrielle, c’est donc l’abolir par un révolution dont l’objectif est le retour à une vie pré-industrielle, essentiellement forestière. Clairement, Kaczynski se pose en partisan des thèses néo-luddites et semble militer en faveur d’une vie communautaire telle qu’on la trouve chez certains groupes religieux, comme les Amish américains. Cela, néanmoins n’est pas explicite, et n’est d’ailleurs pas très clair, car si Kaczynski explique que toute technologie est mauvaise et ne peut qu’avoir de mauvaises conséquences sur les libertés individuelles, il n’explique pas jusqu’où, selon lui, il faudrait régresser. Le terme de « technologie » n’est en effet jamais réellement défini par Kaczynski, et peut s’appliquer aussi bien aux technologies industrielles (utilisation du charbon, de la vapeur, etc.) qu’aux technologies pré-industrielles, telles que la métallurgie (mines, forges…). Les Amish, par exemple, vivent encore selon les technologies disponibles au 18e siècle et n’emploient ni électricité, ni carburants, mais n’en sont pas moins des artisans faisant usage de métaux. Or, les métaux ne s’obtiennent pas sans conséquences, ni pour les êtres humains, ni pour l’environnement, même dans les conditions d’extraction les plus simples, comme on le voit dans les mines artisanales en Afrique et en Amérique du Sud. Ces mines ont d’ailleurs un impact majeur sur l’environnement: destruction des sols, des aires boisées, pollution des cours d’eau, empoisonnement des mineurs, etc.

Mine d’or artisanale en Guinée. Les effondrements sont fréquents et causent la mort de centaines de personnes chaque année, sans parler de l’impact environnemental majeur…

Kaczynski essaie de résoudre ce problème en distingant deux types de technologies: celle à petite échelle (artisanale), et celle à grande échelle (industrielle). Leur différence réside dans leur complexité: la première ne nécessite que de « petits » savoirs aisément transmissibles, tandis que la seconde nécessite toute une organisation pour la soutenir. C’est ainsi cette seconde technologie qu’il souhaite voir disparaître, au profit de la première, en expliquant qu’elle ne disparaît jamais vraiment. Malheureusement, il prend ici l’exemple de l’Empire Romain, en affirmant qu’après sa chute, aucun « petit » savoir ne s’est perdu. Cette affirmation est malheureusement on ne peut plus erronnée. L’alphabétisation s’est effondrée en même temps que l’Empire Romain, et avec elle a disparu presque l’ensemble des connaissances de l’époque. Même les savoirs artisanaux n’ont été que difficilement transmis, et l’ont été de façon parcellaire. Les techniques de construction, les techniques métallurgiques, même l’agriculture et l’élevage, ont connu une régression sans précédent dans l’histoire occidentale. Ces savoirs n’ont été retrouvés qu’avec les Croisades, non pas par le contact avec les musulmans au Moyen-Orient, mais avec l’Empire Romain d’Orient, à Constantinople, qui constituait l’un des passages obligés vers la Terre Sainte. Car l’Empire Romain n’a disparu qu’en Occident, pas en Orient. L’Orient n’a pas connu l’effondrement sociétal qu’a connu l’Occident, même si la décadence impériale a tout de même eu un impact sur les connaissances de l’époque. La « petite renaissance » du 13e siècle a été générée précisément par cette redécouverte, avant que les dynamiques socio-économiques rompent à nouveau les liens et le développement jusqu’au fameux « Quattro Cento » italien et le renouveau du commerce international avec Venise, l’Espagne et le Portugal, puis les Pays-Bas, la France et l’Angleterre à partir du 16e-17e siècle.

Le problème de la régression technologique n’est pas le seul point noir de cet essai. Kaczynski prône une révolution plutôt qu’une réforme. Kaczynski n’est pas un décroissant au sens actuel du terme, mais souhaite plutôt un effondrement total. Il n’est pas collapsologue non plus, il n’explique jamais comment la Société Industrielle va s’effondrer, il se borne à expliquer que la Technologie aura des conséquences désatreuses pour notre espèce et probablement l’ensemble de la planète. Il n’explique pas comment il envisage cette révolution. On devine qu’il prône une révolution violente, puisque lui-même s’est employé à expédier des colis piégés à des personnes qu’il estimait être responsables de l’état des choses. C’est ici sa rupture avec Ellul, qui n’envisageait jamais d’action violente. Justement, cette révolution que Kaczynski appelle de ses voeux en évoquant les révolutions de 1789 et de 1917, semble n’être pour lui qu’une passade: il n’envisage pas réellement ce qu’il y aura après. Il imagine simplement que la société aura régressé au point que la vie démocratique et le respect de l’environnement permettront à tout le monde de vivre librement. Outre le fait qu’il n’explique jamais réellement en quoi consisterait cette liberté et en quoi elle serait préférable à la situation actuelle (il se borne à pointer du doigt le gauchisme comme étant une conséquence négative de la société industrielle, causée par l’aliénation décrite par Ellul), il semble ne pas se soucier de ce qui adviendra par la suite. Il l’explique même très clairement au paragraphe 212: il se fiche de savoir si 500 ou 1000 ans après la révolution la société retourne vers l’industrialisation, ce n’est pas son problème mais celui des personnes qui le vivront. Stupéfaction que de constater que le modèle de vie prôné par Kaczynski ne semble pas être à ce point préférable pour notre espèce qu’il se fiche totalement de savoir si ses descendants y retourneront!

Conclusion

A travers ce paragraphe 212, je pense que l’on peut clairement comprendre que Kaczynski n’a pas réellement écrit un ouvrage pour exposer son idéologie et la faire partager au amximum. Il se fiche de sa propre révolution et de ses conséquences ou de sa pérénité.

Industrial Society and its Future, par ces quelques lignes, n’est pas tant un essai qu’une auto-justification où Kaczynski essaie de se convaincre du bien fondé de ses propres crimes. L’enrobage idéologique, d’essence néo-luddite plutôt qu’environnementaliste, ne sert qu’à camoufler la propre impuissance de Kaczynski à vivre en paix.

Il n’explique jamais que que sa motivation originelle était de fuir la société, par ce « recours au forêts » décrit par Ernst Jünger, dans son Traité du Rebelle, où il décrit la figure du Walganger scandinave, littéralement « celui qui fuit dans la forêt ». Ce qu’est clairement Kaczynski lorsqu’il se réfugie dans sa cabane forestière en 1971, après son expérience tumultueuse à Berkeley. L’envoi de ses bombes n’a commencé qu’en 1978, après la destruction de plusieurs endroits qu’il affectionnait dans ses environs par une exploitation forestière. Dès 1975, il avait mené sans succès des opérations de sabotage de diverses entreprises de construction et de déforestation.

C’est finalement parce que lui-même s’est senti impuissant face à ces destructions qu’il a commencé à vouloir agir, puis à envoyer des colis piégés. A mesure qu’il s’enfonçait dans une attitude revancharde, Kaczynski s’est senti obligé de justifier ses actes et de se présenter comme un révolutionnaire. Si on lui applique sa propre définition du gauchiste, on ne peut que constater que Kaczynski en est un lui-même, s’engageant dans une cause sans fin, sans objectif réellement défini en dehors de grands principes, et surtout impuissant à lutter et à exister dans la société industrielle autrement qu’à travers son propre (vain) combat non pas pour l’environnement, mais contre la technologie.

Ted Kaczynski à Berkeley, c. 1967

Kaczynski a été diagnostiqué schizophrène avant son procès en 1998, sans que l’on sache bien s’il l’était dès le départ, ou s’il a développé ces tendances lors de son isolement dans les forêts du Montana. Une autre thèse, plausible mais sans réelle confirmation, explique que Kaczynski, du temps où il était étudiant, a participé à certaines expérimentations en lien avec le programme MK-Ultra (qui n’est PAS une théorie conspirationniste), visant à tester diverses techniques de contrôle et de conditionnement par l’usage de drogues. Il se trouve que justement, Kaczynski a effectivement participé à des études sur le contrôle et le conditionnement en tant que cobaye, sous l’égide du Pr. Henry Murray, de l’université de Harvard, lorsqu’il avait 17 ans. L’expérimentation de Murray consistait en la rédaction d’essais qui seraient ensuite donnés à un autre participant, dont la mission était de démonter de façon très agressive chaque argument développé dans l’essai. Kaczynski a participé à l’étude pendant plus de 200 heures, subissant les assauts de ses collègues de façon hebdomadaire. Si Kaczynski a toujours affirmé que ces expériences n’ont eu aucun impact sur sa vie, les psychologues qui l’ont examiné pensent le contraire.

Ted Kaczynski, peu après son arrestation en 1996

Théodore Kaczynski apparaît, à la lumière de ses écrits et de sa vie, comme une victime lui-même du système industriel, qui n’a su affronter les conséquences de celui-ci: aliénation, marginalisation, incapacité d’action et d’influence, sentiment de vacuité et dépression. Génie des mathématiques, Kaczynski n’avait pas l’esprit pour subir la société moderne: il aurait été qualifié aujourd’hui d’autiste, et probablement confié à des services éducatifs adaptés. Sa volonté de fuite, et la destruction de ce qu’il percevait comme son sanctuaire, l’a amené à commettre des actes criminels pour essayer de composer avec sa propre impuissance à affronter le monde. Cette inadaptation a causé la mort de 3 personnes, et en a blessé 23 autres plus ou moins grièvement. Même si Kaczynski a tenté de dissimuler sa faiblesse derrière un édifice idéologique et des revendications finalement peu claires, il est évident que La Société Industrielle et son Avenir ne peut être raisonnablement considéré comme un essai fondamental: si ses affirmations peuvent être pertinentes et si ses critiques doivent être entendues pour que la société s’améliore, entre les lignes on y devine surtout une auto-justification pour des actes qui n’ont eu aucune autre conséquence que de détruire des vies personnelles, et n’ont eu aucun impact sur la Société Industrielle elle-même…

L’Empire américain a fui l’Afghanistan

L’Afghanistan et ce qui se déroule en ce moment n’est que le dénouement naturel d’un conflit dont personne n’a voulu.

Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, l’Afghanistan est juste un conflit qui dure depuis longtemps. Mais ça n’est pas que ça.

Tout a commencé le 12 septembre 2001, le lendemain de attentats de New York. Les USA viennent de prendre la pire attaque terroriste sur leur sol, le peuple américain réclame des explications et le gouvernement Bush a été tellement nul dans la gestion de la crise qu’ils cherchent à désigner un responsable. Celui-ci est évident et tout trouvé: il s’agit d’Oussama Ben Laden et son organisation Al Qaeda, qui a commis plusieurs attentats contre les intérêts américains, notamment une première attaque au camion à l’explosif contre le World Trade Center, et une attaque suicide au bateau rempli d’explosif contre l’USS Cole. Quelques heures avant l’attaque de New York, Al Qaeda avait réussi à tuer le Commandant Massoud, une figure des Mujahidin qui ont lutté contre les soviétiques dans les années 1980, et qui résistait aux taliban et à leur règne obscurantiste.

S’engage alors une période de 3 mois où on s’agite en coulisse, pendant que les USA prédisposent leurs pions sur le Grand Echiquier. Les USA brandissent un ultimatum aux taliban en exigeant qu’ils livrent Oussama Ben Laden et son organisation aux USA. Les taliban refusent, parce que Ben Laden est lui aussi l’un des combattants qui a lutté contre les soviétiques. On apprendra plus tard que c’est par son intermédiaire que les USA et Israel ont pu faire livrer des missiles stinger aux mujahidin afghans (rappelez-vous comme ils étaient célébrés par Hollywood dans les années 1980, notamment à la fin de Rambo 3).

La guerre débute donc le 7 octobre 2001, même pas un mois après les attentats. A ce moment là, il ne s’agit que de forces spéciales au sol pour accompagner tous les groupes qui résistent aux taliban, aidés par des frappes aériennes plus ou moins ciblées (les B-52 ne font pas dans la dentelle), qui permettent la reconquête rapide de Kaboul et des provinces environnantes. Bush installe alors une base géante à Baghram, à une heure au nord de Kaboul, où se déversent des dizaines de milliers de soldats américains, puis britanniques, puis l’ensemble de l’OTAN « élargie » (avec des troupes de pays alors candidats pour rejoindre l’alliance, comme la Géorgie, mais c’est une autre histoire). A l’époque, Jacques Chirac refuse de déployer un contingent de soldats français: il a parfaitement conscience de l’inutilité d’une occupation dans un pays qui ne s’est jamais soumis à autre chose qu’à l’Islam. Surtout, il sent venir ce qui arrivera très vite au cours de l’année 2002: les USA annoncent qu’ils n’en resteront pas là.

Colin Powel en 2003, au Conseil de Sécurité, agitant une fiole « d’anthrax » pour prouver que Saddam Hussein produit des armes bactériologiques.

Bush et son gouvernement annoncent que les opérations militaire vont se poursuivre en vue d’installer durablement la « démocratie » dans la région. Sous l’impulsion de Condoleeza Rice et de Donald Rumsfeld, et sur les conseils « avisés » de Benyamin Netanyahu, l’attention des USA se tourne vers l’Irak de Saddam Hussein, accusé de financer le terrorisme. La suite, c’est la guerre contre l’Irak dès 2003 qui sera une véritable catastrophe pour les USA, peut être encore plus qu’en Afghanistan. Tout le monde a compris à ce moment-là que ce n’est plus une histoire de terrorisme, mais un prélude à une guerre contre l’Iran, désormais encerclé par les bases américaines en Irak et en Afghanistan.

Ces deux conflits se passent très mal, au point que la guerre contre l’Iran, qu’on anticipait pour 2006 à l’époque, est sans cesse évoquée et repoussée. Le manège des « avertissements » et « lignes rouges » s’ensuit pendant 10 ans avant qu’Obama tente de négocier un accord sur le nucléaire avec l’Iran. Conscient de son encerclement, l’Iran a joué à fond la carte de la recherche nucléaire « civile » (mais à finalités militaires), suivant en cela l’exemple de la Corée du Nord qui a appliqué la bonne vieille dissuasion nucléaire pour être tranquille.

On n’entend plus parler de l’Iran depuis quelques années maintenant, en tout cas pas en ce qui concerne son programme nucléaire. A titre perso, je soupçonne qu’ils l’ont depuis quelques années et qu’ils jouent un jeu de dupes sur le modèle israélien. En tout cas, depuis qu’on n’entend plus parler du programme nucléaire iranien, les troupes US évacuent l’Irak et l’Afghanistan.

Moqtada al-Sadr, créateur de l’Armée du Mahdi, mouvement chiite parrainé par l’Iran, qui causera énormément de dégâts contre les troupes américaines en Irak à partir de 2006. Il est aujourd’hui l’un des hommes politiques incontournables de l’Irak.

En Irak, les grands vainqueurs sont les chiites et en particuliers les hommes de Moqtada al-Sadr, ancien fondateur et grand patron de l’Armée du Madhi qui a résisté aux américains, ainsi que ceux qui ont créé ce qui allait devenir l’Etat Islamique (le Califat) d’Abu Bakr al Baghdadi.

En Afghanistan, les grands vainqueurs sont les taliban, qui bien loin d’avoir été affaiblis par l’occupation US, en sortent doublement renforcés, en incarnant d’une part un gouvernement « vertueux » (sous leur contrôle, il n’y avait plus aucune production d’opium et donc aucun drogué, et les violeurs étaient systématiquement mis à mort) après 20 ans de gouvernement totalement corrompu, et surtout en n’ayant en face d’eux plus aucune résistance: les anciens mujahidin qui les avaient combattus étant soit morts, soit les ayant rejoints. La Chine est déjà prête à leur accorder une reconnaissance diplomatique, dans le cadre de ses développements surnommés « routes de la soie », et qui sont un instrument de « soft power » pour établir une domination économique puis culturelle dans la région des « stan », du nom de ces pays d’Asie centrale dont les noms se terminent ainsi (voir l’initiative « one belt, one road » en Asie du sud-est et dans l’océan indien, ainsi que le développement « gagnant-gagnant » en Afrique, c’est un sujet passionnant).

L’avenir, quel est-il?

En Afghanistan, clairement, ça va être le retour d’un pouvoir islamique qu’on peut qualifier sans mépris ni condescendance d’obscurantiste. Les taliban avaient interdit les cinémas, les salles de spectacles, les concerts, la musique (y compris à la radio), ainsi que l’éducation des filles, obligées de porter le fameux « chador » grillagé, la burqa. Mais ils ont aussi interdit la drogue (la culture d’opium était punie de mort), l’alcool et la tradition des « bacha bazi », consistant à habiller des petits garçons en filles pour les faire danser de façon lascive et provocante avant de leur faire faire des actes sexuels. La corruption est virtuellement inexistante là où les taliban règnent, aussi surprenant que ça puisse paraître. S’il existe quelques poches où c’est un « pseudo Etat-Islamique » qui contrôle le terrain, il est clair que cette organisation n’a aucun avenir en Afghanistan, qui devrait être ainsi le premier pays à se débarrasser du terrorisme sur son sol…

En ce qui concerne les USA, en revanche, les choses sont beaucoup moins « roses ». La perte de leadership absolue que représente cette deuxième défaite stratégique après celle subie en Syrie et en Irak révèle les faiblesses de ce pays qui se prenait pour le gendarme du monde depuis 1991. La dette contractée pour les guerres contre « l’Axe du Mal » de Bush constitue à elle seule une bonne part du déficit public américain (s’y rajoutent celles d’Obama dans des conflits annexes, et le développement des drones en vue d’assassinats « ciblés »). L’Empire américain est en train de s’effondrer sous nos yeux, à la fois dans sa dimension internationale et dans sa dimension interne. La société américaine est dans un état pire que celui dans lequel se trouvait la société soviétique sous Gorbatchev, juste avant la chute du Mur de Berlin. C’est pareil en Europe, et en particulier en France, où l’Etat est si pourri de l’intérieur qu’il ne faudra plus grand chose pour le faire s’écrouler.

L’Afghanistan n’est que le début insignifiant de quelque chose de bien plus grave: la décennie à venir sera celle de l’effritement puis de l’effondrement de la société libérale occidentale actuelle, qui est devenue un cauchemar pour tout le monde.

Le « cloaque comportemental » chez le rat et ses application chez l’Homme: l’expérience Mouse Utopia

Vous n’avez probablement pas entendu parler de l’expérience éthologique (l’étude des comportements animaux) baptisée « Mouse Utopia ».

Elle constitue, pourtant, l’une des études majeures de la seconde moitié du 20e siècle, plusieurs fois répliquée et vérifiée, et surtout jamais invalidée. Et les perspectives qu’elle offre sur l’avenir de la société humaine « post-moderne » sont des plus sombres…

John Calhoun a commencé à la fin des années 1950 ce qui se produisait quand une population de rats disposait en pleine nature d’un espace sans prédateurs, où se trouvaient en abondance nourriture, eau et matériaux. Il a répliqué cette expérience avec des rats de laboratoire en milieu fermé, puis, au tournant des années 1970, avec la fameuse expérience « Universe 25 », aussi appelée « Mouse Utopia ». Les trois expériences ont démontré que des animaux dits « sociaux » (dont font partie les êtres humains) finissent invariablement par adopter des comportements asociaux même lorsqu’il n’y a aucune rivalité pour les ressources, menant leur « société » vers l’extinction.

La vidéo (en anglais) que je vous poste résume en profondeur l’expérience.

Point ici de blabla concernant les riches et les pauvres, la lutte des classes et toutes ces conneries qui dédouanent en permanence les asociaux: chaque souris a accès à toute la nourriture, toute l’eau et tous les matériaux qu’elle désire. Seul l’espace diminue à mesure que la population augmente, mais la « colonie » peut théoriquement accueillir 3800 individus avant d’être en surpopulation.

Or, qu’observe-t-on?

Dans la première phase de l’expérience, il n’y a que 8 couples de rats, qui s’adaptent à leur environnement et à la présence des autres. Il leur faut du temps, mais ces rongeurs finissent par s’installer et se reproduire.

La deuxième phase, est celle d’une expansion rapide. La population double tous les 55 jours (une génération), comme une parfaite reproduction des travaux de Thomas Malthus. La population augmente jusqu’à un peu plus de 600 individus… et les choses basculent.

La troisième phase voit les souris réduire leur taux de reproduction, au point qu’il faut désormais 3 fois plus de temps (145 jours) pour que la population double. Il n’y a rien en terme physiques qui explique ce ralentissement: tout se passe au niveau social. Les souris subissent de plus en plus d’interactions entre elles à mesure que la population augmente, que ce soit pour la nourriture, la boisson, ou la construction des nids, sans même parler de la reproduction. Sur ce point en particulier, divers phénomènes apparaissent:

– les mâles dominants protègent leurs nids et leur progéniture, et chassent les autres mâles, qui se retrouvent au milieu de la colonie, où ils ont énormément de contacts avec les femelles mais n’ont pas accès à la reproduction avec elles. Au point qu’ils finissent par essayer de se reproduire entre eux voire de convaincre un dominant de se reproduire avec eux.

– les femelles sont hyper sollicitées pour la reproduction dès qu’elles sortent des nids pour aller chercher des matériaux propres ou de la nourriture. Elles finissent par ne plus sortir qu’exceptionnellement, mais sont épuisées et délaissent leurs petits. Ce délaissement est aggravé par le fait que les mâles dominants devant en permanence assurer la protection des nids finissent par ne plus pouvoir le faire, trop épuisés. La défense du nid incombe donc en dernier recours aux femelles, qui finissent par ne plus se reproduire du tout.

– l’agressivité générale explose, et même les enfants et les bébés finissent par la subir, parfois à mort. Toutes les souris ont des traces de morsure, en particulier sur la tête et la queue.

– certains individus essaient de fuir cet enfer d’interactions sociales constantes en s’isolant dans les zones les plus hautes de la colonie (et les moins occupées). Ils refusent toute interaction sociale, et passent leur temps à manger, boire, dormir, et se nettoyer la fourrure. Ils refusent même de se reproduire.

La quatrième et dernière phase est celle de l’extinction. Le délitement social de la colonie fait que toutes les souris, pourtant naturellement « sociales », sont désormais « individualistes ». Elles ne s’occupent plus que de leurs propres besoins, et la colonie ne fonctionne plus comme une société mais comme l’addition d’individualités. Il n’y a plus de naissances, et la population commence à s’effondrer, sans que rien, pas même l’augmentation de l’espace disponible par la diminution de population, ne contrebalance cet effondrement: l’esprit « social » est mort.

Tout le déroulement de l’expérience est expliqué ici par John Calhoun lui-même: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/…/pdf/procrsmed00338-0007.pdf

Plusieurs explications ont été avancées, notamment le fait qu’il n’y avait pour ces souris plus aucun « défi », rien à accomplir, une fois que les nids ont été établis. Sans cohésion sociale maintenue artificiellement par le sentiment de lutte contre l’adversité, la colonie ne peut que devenir un enfer de comportements asociaux (individualistes) voire pathologiques. De fait, lorsque l’expérience a été reproduite avec de quoi stimuler la « créativité » des souris, les colonies ont pu perdurer plus longtemps, voire prospérer.

Une autre explication tendait au fait que les souris étaient « piégées » dans la colonie, et ne pouvaient pas « émigrer » pour fuir, ce qui n’aurait fait que reporter le problème dans le temps, puisque le cycle malthusien se serait simplement reproduit ailleurs.

Les principales critiques contre ces expériences qui, selon John Calhoun, offrent un aperçu sombre sur l’avenir de l’humanité, est que justement, l’être humain est plus complexe que de simples souris de laboratoire. Mais l’est-on vraiment? Tout ce qu’Univers 25 a vu se produire vous a probablement interpellé et vous a fait établir des parallèles avec notre propre société post-moderne actuelle. L’individualisme, la violence omniprésente, ce sentiment de n’avoir rien à accomplir, ces délires asociaux, l’effondrement des taux de natalité, tout résonne avec notre mode de vie urbain et périurbain contemporain.

Dans cette perspective, ces pseudo-luttes contre les inégalités sociales (qui ne font que les entretenir encore plus), ce combat ridicule contre le « réchauffement climatique » et ses déclinaisons écologistes (jamais environnementalistes), et tous ces grands combats idéologiques, prennent un jour nouveau: il ne s’agit que de nous divertir, de nous donner le sentiment d’accomplir quelque chose de nos existences pathétiques. Notre natalité, pourtant, continue de plonger. Elle n’est compensée que par l’importation d’individus allogènes, qui eux aussi subissent dès la deuxième génération les effets délétères de notre mode de vie post-moderne et deviennent aussi aliénés que « nous ».

Quel avenir, alors, pour notre espèce? Faut-il accepter ou lutter contre l’extinction? Et surtout, comment?

Il n’y a pas de solution « miracle »: il faut reconstruire la communauté, à taille humaine, celle où l’on connait le nom de chacun de ses voisins, en commençant par reconstruire l’unité fondamentale de toute société humaine: la famille. C’est quand la famille déraille que toute la société s’effondre.

Il ne faut pas non plus se leurrer: c’est un travail qui se réalise sur plusieurs générations. Nous ne pouvons que planter les graines, nous ne verrons pas les fruits. C’est comme cela que se sont construites toutes les grandes civilisations, en particulier les nôtres, de l’Atlantique à l’Oural.